07 novembre 2025

Match sur le génie du christianisme : Ferry 4, Cohn-Bendit zéro

Basilique Saint-Pierre à Rome
Le génie du christianisme, ouvrage apologétique écrit par Chateaubriand en 1799

Aux moments des obsèques du Pape François, le philosophe Luc Ferry et le politicien Daniel Cohn-Bendit se sont livrés à un mini-débat sur le sens actuel du christianisme et ce qu'il faut en attendre en tant qu'athées convaincus dont ils se réclament tous les deux sans même se poser la question de ce que signifie exactement l'athéisme, à savoir une posture qui consiste à ne pas croire en Dieu. Le célèbre physicien Albert Einstein qu'on ne peut suspecter ni de radicalisme religieux, ni de bigoteries, avait toujours eu la prudence de répondre à cette question par une autre bien plus pertinente : «Dites-moi ce que Dieu représente pour vous et je vous dirai si j'y crois !» Ce qui démontre qu'il est difficile et pour le moins précipité de se définir comme un adepte de l'athéisme si on n'est pas soi-même au clair sur l'expérience et la représentation que l'on se fait personnellement de Dieu, la notion de concept divin ayant un potentiel de subjectivisation tel qu'il est possible de dire tout et n'importe quoi, y compris son contraire. Passé ce préambule nécessaire, on peut s'intéresser au cœur du débat qui s'est tenu et définir comme l'a fait remarquablement Luc Ferry ce que le christianisme continue d'apporter à notre civilisation actuelle, très majoritairement non-croyante, encore moins pratiquante, et se réclamant d'un soi-disant athéisme sans en comprendre tout le sens véritable et bien plus profond qu'il n'y paraît.


Dans son livre sorti en 2013 et co-écrit avec le Cardinal Gianfranco Ravasi à la demande de Benoît XVI, Luc Ferry retient quatre apports sociétaux venant des Évangiles: 1) L'égalité des citoyens devant les lois républicaines qui découle de l'égalité des être vivants devant Dieu. 2) La notion de laïcité qui a permis de séparer les ordres spirituels et séculiers grâce au fait que la vie privée des croyants n'est pas codifiée religieusement par des rites et des sacrifices tels qu'on les pratique dans d'autres confessions comme le judaïsme ou l'islam, ce qui permet l'exercice d'une libre croyance intérieure sans interférer avec le développement d'une société civile démocratique et donc parfaitement laïque. 3) La philosophie de l'amour (lire l'article : «Aime ton prochain comme toi-même !») dont la source initiale est d'abord hébraïque, tout comme le Christ était hébreux (Lv 19:18). Quant au quatrième apport, selon Ferry, il concerne l'impossibilité absolue pour un homme de trouver la grâce et le salut divins lorsqu'il s'est adonné à idolâtrer l'argent, rappelant en cela la fameuse parabole exprimée par Le Christ face à un jeune homme riche lui demandant ce qu'il devait faire pour avoir la vie éternelle : «Il est plus facile à un chameau de passer par le chas de l'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume de Dieu.» (Mt 19:23-26). En cela, le Christ expliquait que la dépossession est inévitable, déjà par le fait qu'elle est inhérente à notre condition de mortel et que, partant, il vaut mieux devenir humble et charitable plutôt que de se complaire dans l'orgueil et la puissance de l'argent qui corrompent les valeurs morales de vérité et de justice telles que l'a exprimées avec clairvoyance l'apôtre Pierre (1 P 5:8-9) à propos de l'incarnation du Mal : «Soyez sobres, veillez ! Votre Adversaire, le Diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera.» Même si le Christ n'en est pas l'auteur (et pour cause il en fut le martyre), cette dissociation entre Dieu et l'incarnation du Mal s'est faite par ses disciples après sa mort et constitue indéniablement un progrès anthropologique par rapport à l'Ancien TestamentSatan en tant que force maléfique, non seulement n'est pas incarnée, mais dépend totalement d'une prétendue volonté divine. Enfin, cette promesse de vie éternelle formulée pour la première fois par le Christ est loin d'être une mystification comme semblent le penser nos deux débatteurs, surtout Cohn-Bendit qui va jusqu'à se moquer de la résurrection en prétendant que ni Mélenchon, ni Le Pen, ni Macron ne sont Le Christ ressuscité. Sans blague ? Cet égarement intellectuel aurait pu éventuellement lui être pardonné du fait de sa judaïcité qui effectivement ne reconnaît pas la notion spirituelle de résurrection par la chair. Mais, de cette religion, il ne peut même pas s'en prévaloir puisqu'il se revendique comme un adepte de l'athéisme pur et dur. Résultat des courses: Luc Ferry remporte le débat haut la main sur un Daniel Cohn-Bendit, dit Dany le rouge, qui s'est exclu de la joute verbale par un carton aussi vermeil que son passé militant ;-)

24 octobre 2025

Théodicée : Comment croire en Dieu quand le Mal sévit partout en tout temps ?


La théodicée est un raisonnement théologico-philosophique qui tente de résoudre l'apparente contradiction qu'il y a entre un Dieu prétendument omnipotent et bienveillant et l'existence du Mal. C'est d'abord un sujet qui suscite de nombreuses controverses puisqu'il a été régulièrement l'argument principal des non-croyants, athées et agnostiques pour réfuter l'existence de Dieu (encore faut-il s'entendre sur une définition universelle ?) et rejeter ainsi tout le corpus biblique qui lui est associé, ce qui n'est pas le moindre tort que cette contradiction engendre en persistant comme elle le fait, faute de trouver une argumentation qui soit suffisamment charpentée et convaincante pour obtenir un engagement spirituel des nombreux nihilistes et autres mécréants et tenter de leur donner une foi chrétienne en Dieu, Le Père, et son Fils Jésus-Christ. "L'athée-odyssée" s'est cristallisée principalement autour du philosophe allemand Gottfried W. Leibniz (1646-1716) au début du XVIIIème siècle avec la publication de son ouvrage Essais de Théodicée qui, en résumé, arrive à la conclusion un peu plaquée et conformiste consistant à affirmer que malgré le mal ou (même) grâce à lui, l'Histoire a un sens, une direction et que sa finalité aboutira forcément au Bien. Quand ? On n'en sait rien. Leibniz se contente de l'affirmer. C'est tout. Bref, Leibniz essaie tant bien que mal (c'est le cas de le dire) de se dépatouiller du problème en remplaçant un postulat, l'existence de Dieu, par un autre, son omnipotence bienveillante à la fin des fins. Et tant pis pour tous les martyres et les victimes innocentes nécessaires à cet accomplissement ultime. D'ailleurs, Voltaire ne s'était pas privé de railler cette vision du monde bien trop étriquée à son goût dans son conte sur Candide. Sans même connaître les scandales sexuelles à venir, on comprend que depuis des siècles le doute s'est immiscé dans la tête des paroissiens et que la société civile s'est détournée de l'Église, faisant progresser l'athéisme en même temps que la foi chrétienne sortait des cœurs et des esprits. Jean Meslier, contemporain de Leibniz, prêtre et précurseur de l'athéisme, l'avait prédit dans ses écrits posthumes : «Celui qui le premier a dit aux nations que quand on avait fait du tort aux hommes, il fallait en demander pardon à Dieu, l'apaiser par des présents, lui offrir des sacrifices, a visiblement détruit les vrais principes de la morale. Car, d'après ces idées, les hommes s'imaginent que l'on peut obtenir du roi du ciel, comme des rois de la Terre, la permission d'être injuste et méchant, ou du moins le pardon du mal que l'on a pu faire.» Comme si la Morale et Dieu étaient corruptibles comme n'importe quel mortel, auquel cas c'est l'hommage perfide et cynique que le vice rend à la vertu. Pourtant, Leibniz avait un handicap sur nos contemporains: Il lui manquait une certaine hauteur de vue pour se rendre compte que toute la difficulté de sa démonstration résidait dans sa façon même de (re)définir les différents concepts employés et leur acception la plus consensuelle possible au sens anthropologique du terme. À propos de Dieu, la réalité, comme notre lucidité, doivent nous amener à considérer que son omnipotence et sa bienveillance ne résident que dans l'œuvre de La Création au sens cosmologique et quantique du terme. Car, il y a belle lurette que l'on sait que ce Dieu créateur n'intervient aucunement dans la marche du monde dans lequel nous vivons et que les hommes sont seuls responsables du Bien comme du Mal qu'ils choisissent de faire ou pas à leurs semblables. Et pour cause, Dieu leur a donné cette liberté, le libre arbitre, depuis qu'Adam et Ève ont choisi de croquer dans le fruit de l'arbre de la connaissance, du Bien et du Mal, alors que leur Créateur les en avait dissuadés. Dieu n'est donc nullement responsable de leur péché originel, pas plus qu'il n'a à répondre des massacres, guerres et génocides que les humains ont décidé de s'infliger entre eux. Une fois son omnipotence circonscrite, il devient dès lors plus facile de s'intéresser aux souffrances terrestres dans leur globalité et d'identifier leurs origines qui, dans l'absolu, sont au nombre de trois :

1) L'injustice de la naissance qui, en dépit du fait que l'on tente tant bien que mal de considérer les humains de plus en plus libres et égaux en droit dans certains pays dits démocratiques, cette inégalité naturelle n'est évidement jamais résorbée vis-à-vis de notre hérédité, de nos parents, du milieu social, culturel et économique dans lequel nous grandissons et de notre héritage. Cette apparente injustice initiale est partiellement traitée dans l'Évangile de Jean, lorsque les disciples du Christ rencontrent un aveugle de naissance et s'interrogent : «Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle? » Et, Jésus de leur répondre : «Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché, mais c'est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.» (Jn 9:2-5) Il faut dire qu'à cette époque, il était courant de croire que la maladie ou le handicap était une conséquence directe du péché, ce qui, à vrai dire, n'était pas dénué de bon sens populaire si l'on se réfère au mythe d'Œdipe (lire l'article: Œdipe ou plaidoyer pour une réhabilitation tardive, mais incontestable) qui fit le choix inconscient, mais funeste, de commettre l'inceste en copulant avec sa mère, engendrant de la sorte une malédiction sur toute sa descendance. Mais, si les handicaps ou maladies génétiques peuvent être le résultat de péchés, dussions-nous parfois expier les fautes de nos aïeux, elles ne le sont pas toujours dans l'absolu et leurs vraies causes peuvent demeurées inexplicables, ou encore résulter de l'ignorance de leurs parents comme ce fut le cas d'Œdipe. En répondant de la sorte, Jésus rappelle que cette injustice initiale n'est pas toujours la punition d'un péché intentionnel qui mériterait une rétribution stigmatisante. Au contraire et contre toute attente, l'aveugle retrouve miraculeusement la vue, à tout le moins spirituelle, par cette compassion que lui témoigne Le Christ, ce qui démontre que cette souffrance peut être l'occasion pour Dieu de manifester sa gloire et sa puissance, comme par exemple dans le cas de ces aveugles qui, à cause ou plutôt grâce à leur handicap, ont pu devenir de célèbres chanteurs tels Ray Charles, Steve Wonder ou encore Gilbert Montagné, notamment en leur permettant de sublimer leur sens de l'ouïe.

10 octobre 2025

USA: Démons et Géants du web au service de l'affairisme MAGA


Reste t-il vraiment quatre cents jours pour sauver la démocratie américaine ? Ou, plus simplement, le point de bascule n'est-il pas déjà dépassé depuis la réélection du Président KMA (si vous n'êtes pas familier du blog et donc de cet acronyme, lisez cet article !) pour déclencher ce compte à rebours qui fera advenir une oligarchie autoritaire s'accaparant tous les pouvoirs et justifiant toute violence contre ses opposants politiques pour assurer sa survie ? Vue d'Europe, ce conditionnement psychologique de la sphère MAGA sur le peuple américain ravive de vieux démons de l'histoire américaine qui sont celles des mouvements suprémacistes tels le Ku Klux Klan ou encore ces nombreux sympathisants du fascisme et du nazisme qui existaient durant l'entre deux guerres et qui faillirent faire échouer l'intention du président Franklin D. Roosevelt d'entrer en guerre contre les puissances de l'Axe. Mais, ce qui est frappant à l'heure des réseaux sociaux et du courant libertarien qui traversent les Géants du web, est le détournement des textes bibliques et la récupération des symboles religieux par la sphère MAGA pour servir une finalité politique du mercantilisme, de l'affairisme à tout crin et de l'adulation du veau d'or. Ainsi, les influenceurs comme Michael Flynn n'hésitent pas à convoquer des thèmes religieux comme l'Apocalypse pour endosser l'habit du guide spirituel cherchant à révéler au monde "la bonne parole", celle qui permettra de vaincre le Mal (les Démocrates et leurs discours wokes) par le Bien (représenté par le président KMA). Sauf que dans un monde où toutes ces notions sont perçues de manière totalement confuses au point qu'une majorité d'Américains en a perdu sa boussole pour finir par réélire un président criminel, corrupteur et calomniateur, cet engagement spirituel et chrétien au service de la cause MAGA relève surtout de l'imposture caractérisée qui, si elle n'est pas débusquée, ouvre la porte à tous les délires et dérives, au remplacement de la vérité par le mensonge, au renversement du Bien par le Mal. Selon Jeanne Brun, historienne de l'Art, le texte biblique de l'Apocalypse dont la finalité, par-delà sa transcription ésotérique, est bien celle d'éveiller les chrétiens à combattre le Mal par le Bien, dévoile étymologiquement à cet effet le mécanisme de l'inversion accusatoire qui se nourrit principalement du mensonge et de la duperie. Le Mal apparaît sous plusieurs dénominations, de même qu'à travers plusieurs créatures: Satan, Le Diable, L'Antique Serpent, L'Adversaire, L'Antéchrist ou encore le Dragon. Après avoir été battu une première fois par l'archange guerrier Saint-Michel, Le Dragon va délivrer son pouvoir à deux Bêtes: La Bête de la mer que l'on nomme aussi l'Antéchrist, et la Bête de la terre ou Pseudo-Prophète qui incarne le pouvoir idéologique du Dragon avec pour mission de séduire par la parole tous les peuples de la Terre aux seules fins de les induire en erreur par des discours mensongers (représentés dans l'iconographie ci-dessous par des grenouilles sortant de la bouche de plusieurs créatures maléfiques) qui ont hélas l'apparence de la vérité. L'Apocalypse révèle donc le mécanisme de la tromperie à laquelle ont eu recours tant de fois les hommes mal intentionnés qu'ils furent politiciens ou autres potentats. La dernière en date et non des moindres est figurativement la bave de l'emblématique crapaud régurgitée par le président KMA durant son discours devant les 193 délégations de chaque pays lors de l'Assemblée générale des Nations-Unies qui s'est tenue à New-York le 23 septembre 2025 lorsqu'il déclara: «Le réchauffement climatique est la plus vaste anarque que le monde ait connue.» À ce moment précis, certaines délégations auraient pu se lever et quitter l'Assemblée en signe de réprobation. Que nenni, elles n'ont pas bougé, assurément par hypocrisie diplomatique et pour ne pas se faire remarquer. Pire, elle ont peut-être même fini par applaudir le tribun-charlatan par servilité. Pourtant, tout l'enjeu de la lutte du Bien contre le Mal est de ne pas tomber dans ce piège biblique et séculaire qui remonte à la nuit des temps. Autrement dit et pour reprendre la citation du philosophe britannique John Stuart Mill: «Les méchants (rusés, mais minoritaires) n'ont besoin de rien d'autre pour accomplir leurs desseins que de voir les gentils (crédules et majoritaires) regarder et ne rien faire.» Et l'inaction de ces derniers ne fait qu'empirer la situation puisqu'il est généralement plus facile de tromper les gens que de les convaincre qu'ils ont été trompés. C'est alors que paresse, orgueil et lâcheté d'un peuple font le reste et parviennent à sceller sa destinée funeste.

Iconographie de l'Apocalypse
L'Apocalypse biblique expliquée par Jeanne Brun

26 septembre 2025

Œdipe : Plaidoyer pour une réhabilitation (excessivement) tardive, mais (moralement) incontestable

Description de l'image 1
Sophocle (-495 à -406)
Description de l'image 2
Sigmund Freud (1856-1939)
L’histoire d’Œdipe, contée principalement au Vème siècle avant notre ère par le dramaturge grec Sophocle, est l’une des plus célèbres qui mette en scène le destin et son inéluctable pouvoir sur l’existence humaine. Laïos, roi de Thèbes, et Jocaste, son épouse, se désolent de n’avoir pas de fils. Ils consultent l’oracle de Delphes qui leur prédit que s’ils ont un fils, le malheur s’abattra sur eux, car cet enfant tuera son père et épousera sa mère, transgressant les pires interdits dictés par la civilisation. En dépit de ces prédictions, Jocaste donne naissance à un fils. Effrayée par la sentence de l’oracle, elle décide de se débarrasser du nouveau-né en l’exposant sur le mont Cithéron accroché à un arbre après lui avoir percé les chevilles avec une aiguille. Au lieu de mourir de faim et de soif ou d’être dévoré par les bêtes, le bébé est sauvé par un berger qui le baptise Œdipe, ce qui signifie en grec « pieds enflés », du fait des sévices subis. Dans le royaume voisin de Corinthe, le roi Polybos se désole, lui, de ne pas avoir de fils. Le berger, trop pauvre pour élever l’enfant lui-même, le présente à Polybos qui l’adopte. Œdipe grandit ainsi au palais, ignorant sa véritable identité, croyant être le fils de Polybos et de Périboea, monarques de Corinthe. Les années passent et Œdipe devient adulte. Un jour, quelqu’un lui révèle qu’il n’est qu’un enfant trouvé. Intrigué, Œdipe s’en va consulter l’oracle de Delphes, lequel lui répète l’horrible prédiction faite jadis à Laïos : « Tu tueras ton père et tu épouseras ta mère. » Bouleversé par un tel présage, Œdipe décide de quitter à jamais Corinthe et de ne plus revoir ses parents présumés. Ainsi, pense-t-il échapper à l’horrible prédiction ! En chemin, il croise un inconnu avec lequel il se querelle. Sa colère l’amène à se battre et à tuer l’individu. Sans le savoir, Œdipe accomplit la première partie de l’oracle, car cet inconnu n’est autre que le roi Laïos, son véritable père. L’oracle ne dit pas seulement ce qui arrivera : il a l’étrange pouvoir de faire advenir les événements prédits. Poursuivant sa route, Œdipe parvient aux portes de Thèbes et rencontre le Sphinx qui dévore les voyageurs incapables de donner la bonne réponse à son énigme, à savoir quel animal marche le matin à quatre pattes, sur deux à midi et sur trois le soir. Œdipe, ignorant ses origines mais détenant une intelligence supérieure à la moyenne, est le seul à pouvoir donner la solution : l’Homme aux différents stades de sa vie (nourrisson, adulte et vieillard s’aidant d’une canne). C’est ainsi que le pays de Thèbes est délivré de la terreur et Œdipe promu au rang de héros. La reine Jocaste étant veuve, Œdipe est accueilli en bienfaiteur et accepte d’occuper le trône vacant qui lui est offert. Sans le savoir, en entrant dans le lit de la reine, il accomplit la seconde partie de l’oracle. Ainsi, il conçoit avec la reine quatre enfants incestueux qui sont également ses frères et sœurs. L’inceste perturbant l’ordre naturel des générations, ces enfants auront tous une destinée tragique, celle-ci se transmettant aussi sûrement que le patrimoine génétique. Lorsque la peste s’abat sur Thèbes, chacun y voit la colère des dieux pour châtier les hommes d’un meurtre demeuré impuni. Pour l’oracle, c’est le meurtrier de Laïos qu’il convient de retrouver et de bannir de la cité. Œdipe, en tant que roi, fait le serment d’accomplir cette mission, ce qui l’amène à découvrir sa terrible méprise et à reconnaître sa culpabilité. Gagnée par la honte, Jocaste se pend. Œdipe songe d’abord à s’ôter la vie. Mais pensant que c’est là un châtiment trop bref eu égard à la gravité de ses crimes, il se crève les yeux. Chassé de Thèbes, il finit par mourir après une vie d’errance et de mendicité.

23 septembre 2025

Assurance-maladie : Le marronnier des hausses inter-minables

À l'occasion de l'annonce officielle des hausses de primes de l'assurance-maladie de 4,4 % en moyenne au moment où les feuilles des arbres brunissent, le seul marronnier qui bourgeonne immanquablement est celui du système de santé suisse qui continue d'être le plus cher au monde, ce qui ne devrait plus surprendre la plupart des assurés au vu de l'article publié sur ce blog le 26 mai 2023, excepté ceux et celles qui promettent régulièrement des améliorations pour les calendes grecques alors que les causes principales de cette dérive systémique et technocratique ne sont jamais traitées. Ne serait-ce d'ailleurs pas la définition même de la folie au sens empirique, à savoir répéter sans cesse les mêmes erreurs et s'attendre à un résultat différent ?

L'emballement sans fin

Quatre-vingts milliards de francs suisses ! C'est le pactole qu'acceptent de payer chaque année les patients assurés en Suisse et que se partagent ensuite les prestataires de soins: médecins, pharmas,  pharmaciens, établissements hospitaliers, cliniques et autres professionnels de la santé dont la liste n'en finit pas de s'allonger au fil du temps. À en croire nos politiciens, tous œuvrent à une qualité de soins sans commune mesure. Sauf qu'aucune statistique n'est en mesure d'évaluer  ce critère en comparaison internationale. Par contre, ce qui demeure  indiscutable d'un point de vue quantitatif est que la Suisse, selon l'OCDE, est de très loin et depuis de nombreuses années la lanterne rouge des systèmes nationaux de santé en répercutant sur sa population la charge la plus lourde au monde par habitant, loin derrière les États-Unis qui occupent pourtant l'avant-dernière place. Pour chaque assuré suisse, cela équivaut à supporter une prime d'assurance-maladie au moins trois fois plus élevée que la moyenne des pays européens.


Sources: OCDE, Eurostat, OMS, Système international des comptes de la santé (SHA)



À qui la faute ? À nos politiciens et leurs lobbyistes de tout bord d'après ce reportage d'ABE de septembre 2022. Empêtrés dans des conflits d'intérêts privés  incessants, ils sont incapables de défendre l'intérêt général des patients qui, au final, ne sont que les dindons de la farce. L'emballement du système est donc inexorable, car il y a fort longtemps déjà que les serpents du caducée se sont transformés en boas constrictors tellement voraces qu'ils en viennent même à avaler leur queue. Tel ce pays qui se fait le chantre du patronat, de l'économie de marché et de la libre concurrence, mais où il est particulièrement cocasse de s'apercevoir que toutes ses industries et professions dites libérales liées à la santé sont perfusées essentiellement par l'argent public des assurances sociales et ne croissent (ou n'engraissent) que grâce à cette manne intarissable. Pourtant, il existe bel et bien un remède idéologiquement et parfaitement libéral pour enrayer une fois pour toute cette spirale effrénée : Confier à chaque patient-citoyen la pleine responsabilité de sa santé en lui restituant ce qu'il n'aurait jamais fallu lui ôter: sa liberté personnelle de conclure ou pas une assurance maladie, à tout le moins s'agissant des soins ambulatoires qui représentent près de 40% des coûts. C'est le régime qui prévalait il y a à peine une génération au temps où régnait encore une vraie et saine concurrence et où les assureurs prospectaient le chaland pour des primes ne dépassant pas cinquante francs par mois. On peut toujours rêver... Ou au moins méditer en vue des prochaines élections fédérales.