Saison 10

Si tu ne me laisses pas tomber (1973)

Sur un texte-poème écrit par le  grand parolier Pierre Delanoë (1918-2006), Gérard Lenorman, dit le Petit Prince de la chanson, communique sur l'incroyable capacité de tout être humain à rêver sa vie et, donc, vivre ses rêves. Ce thème, il le chantait en connaissance de cause, lui qui n'a jamais eu de mère aimante et n'a jamais rencontré son père musicien, nonobstant qu'il sait devoir à ce dernier tout le talent artistique qui est le sien.


En 1974, le chanteur proclame à sa façon qu'il n'a jamais rencontré Dieu. Mais, avec cet aveu, n'est-ce pas déjà franchir la première marche intérieure pour y parvenir ?

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Si seulement je pouvais lui manquer (2004)

Dans cette ballade pop, Calogero exprime sa souffrance de ne pas avoir eu de relation avec son père. Si le chanteur confie généralement ses textes à des auteurs, il compose lui-même sa musique. Or, dans ce cas et sans que cela ne remette en cause ses réels talents de compositeur, cette musique, passée inaperçue avant 2004, avait été créée par Laurent Fériol trois ans plus tôt. Ce plagiat fut reconnue par la Justice. Mais, c'est bel et bien l'histoire racontée et son interprétation musicale qui contribuèrent au succès de la chanson.

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Animaux fragiles (2022)

Fruit de la collaboration de trois artistes  (Zaz, Icare et Axelle Red pour l'écriture), cette chanson et son clip évoquent le caractère périlleusement éphémère de la vie. L'homme "chaire à canon" y est représenté avec une fusée attachée dans le dos, tandis que de nombreux "croque-morts" accourent exaltés (pourvu que chacun puisse reconnaître le sien et s'en détourner avant qu'il ne soit trop tard) jusqu'à former un cortège funèbre au devant duquel se trouve une échelle dressée vers le ciel: "Entre le rire et la tristesse, Cette vie nous aura à l'usure, Faut profiter de sa jeunesse, Sans jamais détruire son futur..."

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Paroles, paroles (1973)

Dans ce duo mythique, Dalida sublima ce que Christa Päffgen, alias Nico, mère d'Ari Boulogne, aurait pu vouloir dire neuf ans plus tôt à son célèbre amant d'un soir: «Des mots magiques, des mots tactiques qui sonnent faux, oui tellement faux. Rien ne t'arrête quand tu commences. Si tu savais comme j'ai envie d'un peu de silence...»

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Thomas Wiesel mitraille CS

Dans l'émission "Les beaux parleurs", Thomas Wiesel taille une fois pour toute le costard du looser Crédit Suisse (CS). Ou plutôt celui de ses dirigeants addictifs aux jeux pathologiques et qui confondent banques et casinos. Perles choisies: "L'action est tombée à 1 balle cinquante. J't'échange cinq malabars contre une action CS. Crédit Suisse, c'est ton ex-toxico qui revient en t'assurant que cette fois il a changé et qu'il ne recommencera plus. Y a tellement de scandales qu'on a l'impression que j'en invente comme celui des bateaux de pêche aux thons au Mozambique..."



Jane et Serge réunis à jamais

Elle fut la dernière muse du pygmalion Gainsbourg qui lui confia l'interprétation de ses meilleurs titres. Et elle en retour de se montrer comme sa plus fidèle ambassadrice. Sa reprise de "Je suis venu te dire que je m'en vais" semble aujourd'hui vouloir nous adresser un message d'adieu. Elle se réfère à un poème de Paul Verlaine que Gainsbourg réarrangea et chanta en 1973 à la suite d'une crise cardiaque. Selon son auteur, c'est «quand tout va mal qu'il faut chanter le bel amour. Et quand tout va bien, chanter les ruptures et les atrocités». Une façon peut-être de conjurer le mauvais sort ou d'anticiper l'abandon, tel l'aphorisme typiquement gainsbourgeois "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve", autre chanson écrite en 1983 et dont la ressemblance mélodique avec le titre "Pull marine", sortie à la même époque, est frappante, mais que Gainsbourg réserva à Isabelle Adjani contre l'avis de Jane. Alors, pour contenter ses deux muses et faire d'une pierre deux coups, on peut aisément imaginer que le facétieux compositeur s'est amusé à leur donner juste un rythme différent, soit un tempo asymétrique (5/4) pour la chanson chantée par Jane avec qui il était en train de se séparer. Gainsbourg aurait-il aussi  inventé l'auto-plagiat ?

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