07 juillet 2023

Réseaux sociaux: Ces mots qui tuent

Lindsay, 13 ans, s'est donnée la mort le 12 mai dernier, après avoir été harcelée au collège pendant des mois. Sa mère, Betty Gervois, déclare: "J’ai tout essayé, j'ai tout fait. On n'a pas été aidés. On a été lâchés, complètement. Aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après". La jeune fille et ses parents avaient alerté à de nombreuses reprises, fait des signalements à l'établissement, porté plainte. En vain. Pourtant, en février dernier, Lindsay avait rédigé une lettre, comme un ultime appel à l'aide. Aujourd'hui, les parents déposent quatre plaintes, contre le directeur de l’établissement académique, les policiers initialement en charge de l'enquête, Facebook et Instagram. Comble de l'indignation, sur Internet, les insultes continuent après la mort de Lindsay et sont dirigées cette fois contre sa meilleure amie. Le ministre de l’Éducation nationale reconnaît des failles et demande l'ouverture d’une enquête administrative. Finalement, quatre mineurs et la mère d'une élève ont été mis en examen. Mais, aucune de ses mesures bien trop tardives ne ramènera Lindsay à la vie, à ses parents ou à ses amis. Et ce que l'on doit déplorer avant tout dans une telle affaire criminelle, c'est la cause initiale de ces tourments, soit une classe politique incapable de se faire respecter par les géants du Web ou GAFAM qui mettent à disposition de tout un chacun, enfants et adultes sans distinction, une technologie pour calomnier autrui, le harceler et le haïr en toute lâcheté en lui garantissant un semblant d'anonymat. Il y a à peine une génération, la commission de tous ces délits et crimes étaient impossibles parce que les réseaux sociaux et cet anonymat de carnaval n'existaient pas. Aujourd'hui, une partie de ces réseaux sociaux deviennent des machines à haine quand elle ne sont pas purement et simplement des trolls au service d'un pouvoir occulte ou étranger. Et les politiques de s'en émouvoir  uniquement lorsqu'ils font mine d'ignorer que les violences physiques sont toujours précédées de violences verbales et qu'elles finissent aussi pas menacer l'ordre établi en facilitant l'organisation d'émeutes et de pillages, tels les événements consécutifs au meurtre de Nahel par un policier français. Pourtant, depuis le XVIème siècle, l'auteur de Gargantua, François Rabelais, nous avait bien mis en garde: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

23 juin 2023

Déinquance migratoire et amalgames foireux


Dans l'émission "Quelle époque", sa présentatrice Léa Salamé revient sur l'agression au couteau commis par un migrant syrien sur plusieurs bambins en promenade au bord du lac d'Annecy. Passé l'indignation générale qu'un drame aussi abominable a pu susciter dans le monde, certains s'interrogent sur la récupération que les politiciens pensent devoir tirer de cet émoi gigantesque de l'opinion publique: chaos migratoire, délinquance étrangère, pandémonium, "francocides", etc... (Éric Ciotti pensait même pouvoir stigmatiser les musulmans en raison de la nationalité de l'auteur jusqu'au moment où il apprit que celui-ci est de confession chrétienne.) Et voilà qu'à nouveau l'anathème est jeté sur des dizaines millions de migrants parfaitement intégrés dans nos sociétés européennes. Pourtant, il suffirait de garder raison pour se rendre compte que dans un fait divers de cette gravité, la cause de l'acte commis, pour autant qu'on puisse la déterminer, n'a pas grand chose à voir avec l'origine de l'auteur ou son statut administratif. En effet, celui-ci a obtenu un droit de résidence en Suède. Puis, pour des raisons pour le moins étranges, il s'était rendu dans d'autres pays européens pour obtenir un droit d'asile (?), ce qui n'a rien de banal. Enfin, si l'on cherche le mobile de son acte, on s'aperçoit qu'il ne correspond pas aux motifs habituels de la délinquance migratoire qui le plus souvent sont ceux de l'appât du gain, tel le trafic de stupéfiants, les vols ou cambriolages. Sous réserve du terrorisme, ici, on semble être en face d'un crime sans mobile qui jamais ne trouvera d'explication dans le phénomène de la migration. Et ce crime incompréhensible, c'est assurément celui de la folie que personne n'envisage, car personne ne la comprend, ni ne l'accepte, à part peut-être les psychiatres. Et si ce n'est la maladie mentale, alors ça ne peut être qu'un crime d'extrême perversité, ce qui rend ce comportement d'autant plus monstrueux. Ces actes effroyables et isolés échappent tellement à l'entendement humain qu'on préfère les oublier. Pourtant, l'histoire moderne de la psychiatrie et de la criminologie en recensent de nombreux en un siècle: Du vagabond Joseph Le Vacher qui tua à la fin du XIXème siècle au minimum une vingtaine de jeunes bergers au norvégien extrémiste Anders Breivik qui en juillet 2011 assassinat pas moins de 77 personnes, dont de nombreux adolescents et jeunes adultes sur l'île d'Utoya, en passant par les répétitives tueries de masse dans les écoles américaines dont le seul dénominateur commun, à part les troubles mentaux de leurs auteurs, est l'accès facilité aux armes à feu. Et certainement pas les migrants dont le seul tort est de vouloir exercer ce droit naturel propre à chaque être humain de rechercher son bonheur, dussent-ils pour ce faire traverser des frontières terrestres et maritimes et s'en remettre, parfois et par désespoir, à des passeurs cupides et sans scrupule.


Enfin, cette tragédie a révélé l'héroïsme d'un jeune catholique de 24 ans qui avec son sac à dos a empêché l'agresseur de s'en prendre à d'autres victimes pendant que de nombreux témoins, assistant à la scène, demeurèrent tétanisés. Henri, c'est son prénom, avait entamé depuis deux mois un tour de France à pieds des cathédrales (cela ne s'invente pas), ce qui le fit passer par Annecy. Il explique: "J'ai agi par instinct. Je voulais à tout prix arrêter l'attaquant." Une coïncidence salutaire qui, comme le formulait Albert Einstein, révéla ce jour-là une présence divine impromptue se promenant incognito.

09 juin 2023

L'insupportable «banalité du mal»

 


Dans ce clip didactique, Alain Bajomée traite du concept développé par Hannah Arendt sur la banalité du mal en prenant comme exemple le procès d'Adolph Eichmann tenu en 1962 qui, en tant que simple fonctionnaire sous le IIIème Reich, était le responsable logistique chargé de mettre en œuvre la solution finale. Il n'était pas coupable d'exécuter directement les juifs. Non. Il se contentait sans état d'âme d'acheminer les victimes vers leurs bourreaux. Et pour cela, on le jugea coupable de crime contre l'humanité. Quelque soixante ans plus tard, la mécanique du mal montre qu'elle est parfaitement rôdée et toujours prête à sévir: guerre des Balkans, génocide au Rwanda, guerres en Syrie et en Ukraine où l'armée russe et ses mercenaires violent constamment les lois de la guerre et prennent pour cible les infrastructure civiles tels que les hôpitaux, les écoles, les immeubles d'habitation et les barrages. Qui peut encore douter du caractère totalitaire du régime de Poutine qui reproduit furieusement les mêmes stigmates de l'obéissance nazie que la Russie prétendit pourtant combattre lors de sa guerre patriotique de 1942 ? Détournement de l'Histoire, travestissement de la vérité, négationnisme, révisionnisme ! Il n'y a rien que le Diable n'aime autant pour pervertir les consciences et asseoir sa domination.

26 mai 2023

Assurance-maladie: l'emballement sans fin

Quatre-vingts milliards de francs suisses ! C'est le pactole qu'acceptent de payer chaque année les patients assurés en Suisse et que se partagent ensuite les prestataires de soins: médecins, pharmas,  pharmaciens, établissements hospitaliers, cliniques et autres professionnels de la santé dont la liste n'en finit pas de s'allonger au fil du temps. À en croire nos politiciens, tous œuvrent à une qualité de soins sans commune mesure. Sauf qu'aucune statistique n'est en mesure d'évaluer  ce critère en comparaison internationale. Par contre, ce qui demeure  indiscutable d'un point de vue quantitatif est que la Suisse, selon l'OCDE, est de très loin et depuis de nombreuses années la lanterne rouge des systèmes nationaux de santé en répercutant sur sa population la charge la plus lourde au monde par habitant, loin derrière les États-Unis qui occupent pourtant l'avant-dernière place. Pour chaque assuré suisse, cela équivaut à supporter une prime d'assurance-maladie au moins trois fois plus élevée que la moyenne des pays européens.


Sources: OCDE, Eurostat, OMS, Système international des comptes de la santé (SHA)



À qui la faute ? À nos politiciens et leurs lobbyistes de tout bord d'après ce reportage d'ABE de septembre 2022. Empêtrés dans des conflits d'intérêts privés  incessants, ils sont incapables de défendre l'intérêt général des patients qui, au final, ne sont que les dindons de la farce. L'emballement du système est donc inexorable, car il y a fort longtemps déjà que les serpents du caducée se sont transformés en boas constrictors tellement voraces qu'ils en viennent même à avaler leur queue. Tel ce pays qui se fait le chantre du patronat, de l'économie de marché et de la libre concurrence, mais où il est particulièrement cocasse de s'apercevoir que toutes ses industries et professions dites libérales liées à la santé sont perfusées essentiellement par l'argent public des assurances sociales et ne croissent (ou n'engraissent) que grâce à cette manne intarissable. Pourtant, il existe bel et bien un remède idéologiquement et parfaitement libéral pour enrayer une fois pour toute cette spirale effrénée : Confier à chaque patient-citoyen la pleine responsabilité de sa santé en lui restituant ce qu'il n'aurait jamais fallu lui ôter: sa liberté personnelle de conclure ou pas une assurance maladie, à tout le moins s'agissant des soins ambulatoires qui représentent près de 40% des coûts. C'est le régime qui prévalait il y a à peine une génération au temps où régnait encore une vraie et saine concurrence et où les assureurs prospectaient le chaland pour des primes ne dépassant pas cinquante francs par mois. On peut toujours rêver... Ou au moins méditer en vue des prochaines élections fédérales.

12 mai 2023

Petit assassinat en famille dans l'Ain

Turan Bekar est un homme bon, toujours prêt à rendre service. A 36 ans, cet ouvrier ne compte pas ses efforts pour assurer le bonheur de sa famille. À ses côtés, Ayten, sa femme avec laquelle il a eu deux enfants. La mère de famille est fleuriste et s’occupe avec passion de son petit commerce. En apparence, tous vivent heureux dans le pavillon qu’ils ont acheté à Oyonnax situé dans le Jura français. Mais un jour d’avril 2015, leur vie bascule. Alors qu’il part livrer un bouquet confectionné par sa femme assorti du petit mot "Je t'aime", Turan est sauvagement attaqué au couteau. Gravement blessé, il réussit à s’enfuir dans la nuit. Quelques instants plus tard, alors qu’il cherche du secours, la première voiture qui vient à sa rencontre tente de l'écraser. Deux tentatives d'assassinats en l'espace de quelques minutes. Quand Turan reprend conscience, après plusieurs jours passés entre la vie et la mort, les questions se bousculent : Qui pouvait lui en vouloir à ce point ? Et surtout pourquoi ? L’homme est loin d’imaginer dans quel piège particulièrement machiavélique il est tombé. Cela vaudra à leurs auteurs insoupçonnables des peines étrangement basses et presque choquantes en regard de la gravité des faits. Non pas que ceux-ci méritaient la clémence des juges, mais tout simplement parce que la victime était parvenue miraculeusement à survivre au guet-apens mortel qu'on lui avait tendu. Et c'est ainsi que le crime en apparence parfait fut défait.