01 septembre 2023

Parentalité: Mais où sont les pères ?

Selon un reportage de l'émission "Mise au point" diffusé il y a quelques mois et repris récemment, la détresse psychologique est devenue la première cause d’hospitalisation des jeunes filles âgées entre 10 et 24 ans, pour qui la pandémie de COVID semble avoir été dévastatrice. Pour nous en convaincre, les journalistes retracent le parcours de trois jeunes filles qui ont accepté de témoigner de leurs souffrances: trouble obsessionnel pour l'une, trouble du spectre autistique pour l'autre et trouble alimentaire pour la troisième. Aujourd'hui et fort heureusement, elles semblent toutes aller mieux et on ne peut que leur souhaiter une guérison durable. Cependant, et au vu du nombre de jeunes filles touchées par ces troubles psychologiques, est-il permis de s'interroger sur les causes réelles et profondes de leur mal-être. Selon les journalistes, le fauteur de trouble en serait le COVID qui, faut-il le rappeler, pouvait certes terrasser les plus de cinquante ans, mais n'entraînait aucune mortalité chez les jeunes. Et puis, s'il faut parler d'une certaine pandémie qui terrorisait il y a à peine deux générations les adolescents et jeunes adultes spécifiquement à l'heure de leurs premiers émois sexuels, comment ne pas se souvenir du SIDA qui, lui, ne connaît toujours pas de vaccin et condamnait tout séropositif à une mort certaine (30 millions de décès à ce jour), précédée d'une mort sociale des plus mortifiantes (homosexualité, sang contaminé, etc.).

Il ne s'agit évidemment pas de se livrer à une mesure de la souffrance entre le SIDA et le COVID, chaque époque ayant ses fléaux. Mais, comment expliquer que dans ce reportage d'une vingtaine de minutes censé aborder les problèmes éducatifs et qui se veut représentatif des jeunes filles en souffrance psychologique, il n'y a pas un seul témoignage d'homme. Où est la parole des pères? De manière plus globale, hormis le témoignage d'une seule mère, où sont les parents de ces enfants qui souffrent. Si les thérapeutes, en l'espèce uniquement féminins, sont nombreux à donner leur avis, personne ne semble se soucier de l'opinion des parents qui pourtant seraient les mieux placés pour témoigner de leurs difficultés et des causes possibles du mal-être de leur enfant. Mais, voudrait-on nous cacher que ces parents sont absents, évincés ou démissionnaires, qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Et si le COVID semble avoir bon dos, que faut-il penser de cette régression durable que certains sociologues définissent comme une destructuration du noyau familial caractérisée notamment par une incapacité du couple parental à s'entendre sur des valeurs communes, une dislocation de l'autorité parentale et une multiplication des familles monoparentales. Mais, de tous ces maux, il n'est nullement question. Tout autant que personne ne croit utile de s'interroger sur le reniement systématique et généralisé de nos valeurs judéo-chrétiennes qui fondent pourtant nos sociétés depuis des millénaires et forgeaient a minima un certain sens des responsabilités parentales chez celles et ceux qui cultivent encore la foi dans les Saintes Écritures. Faute de mieux et à moins de disposer un jour d'une formation laïque pour tout couple désirant fonder une famille, c'est désormais au deus ex machina de la médecine et de la technocratie que chacun s'en remet pour réparer tant bien que mal ce que la famille nucléaire ne sait plus faire.

18 août 2023

Climat: Greenwashing et injonctions contradictoires


"C'est une tendance structurelle, il n'y aura pas de retour à la normale", explique le chercheur François Gemenne, membre du GIEC. Peut-on encore parler de climat tempéré? "Non. Le climat méditerranéen va se généraliser et il sera de plus de plus en plus instable avec une augmentation des phénomènes extrêmes, de leur fréquence et de leur intensité (...) A l'échelle de nos vies, c'est irréversible et cela va s'aggraver donc il va falloir s'adapter", ajoute-t-il. Plus globalement, le scientifique déplore que les Etats ne prennent pas assez de mesures pour faire face au changement climatique. "Clairement, il y a quelques grands pays qui ne jouent pas le jeu, je pense en particulier à l'Arabie Saoudite ou à quelques petits Etats pétroliers. (...) Le problème aujourd'hui, c'est que personne ne joue vraiment le jeu qu'il faudrait jouer (...) Concrètement, pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris, il faudrait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre baissent de 6 % par an. Aujourd'hui, elles sont toujours en train d'augmenter d'environ 1 % par an", précise le chercheur.


S'agissant du secteur aérien, 22 associations, membres du Bureau européen des unions de consommateurs, ont décidé de déposer plainte contre 17 compagnies aériennes, dont Air France et KLM, pour greenwashing et pratiques commerciales trompeuses, en proposant aux consommateurs de payer des suppléments pour voler avec du carburant vert qui n'existe pas pour l'instant. Ainsi, les compagnies aériennes pensent déculpabiliser les consommateurs en leur faisant accroire qu'ils vont équilibrer leur bilan carbone. De son côté, Air France prétend avoir incorporé 1% de carburant vert sur ses vols depuis 2022 et estime pouvoir atteindre 10% d'ici à 2030. Mais, selon François Carlier, délégué associatif, le transport aérien ne se contente pas de dire que son activité est verte et écologique, ce qui en soi est critiquable, il propose aussi aux consommateurs de s'acquitter de l'usage d'un carburant durable qui pourtant n'existe toujours pas.

Lorsqu'on observe le comportement actuel des plus grands émetteurs de CO2, comment ne pas faire de parallèle avec les industriels du tabac à l'époque où débuta l'immense controverse sur la dangerosité des cigarettes auprès des consommateurs. Toute la stratégie de ces industriels fut de retarder le plus longtemps possible la révélation publique de cette implacable vérité scientifique qu'ils ne pouvaient ignorer: le tabac est addictif et tue. Avec le réchauffement climatique, c'est exactement le même scénario qui se rejoue. Tout est fait pour déculpabiliser le consommateur et protéger ainsi les intérêts colossaux des émetteurs de CO2. Alors qu'on devrait par exemple commencer par interdire toute forme de réclame en faveur du transports aériens, on laisse le pouvoir de l'argent user de tout artifice politique et commercial pour persuader les consommateurs de ne surtout pas changer leurs habitudes. Comment s'étonner encore que nous regardions (enfin) notre maison brûler, mais que personne ne puisse venir à bout de la fournaise ?

04 août 2023

Alain Delon: «Tu n'es pas mon fils et ne le seras jamais»

Au moment où la clan familial décide de poursuivre pénalement et publiquement Hiromi Rollin, la femme qui a partagé la vie d'Alain Delon depuis ces vingt dernières années, définie comme "dame de compagnie", mais surtout pas comme concubine, encore moins comme fiancée (y aurait-il du rififi autour du grisbi que cela n'étonnera personne ?), l'opinion publique semble avoir oublié la disparition récente d'un individu nommé "Ari Boulogne" né le 11 août 1962 et qui a toujours prétendu être le fruit d'une relation entre l'acteur qui joua dans "Plein soleil", "La piscine", mais aussi "Parole de flic", et la chanteuse et mannequin Nico, de son vrai nom Christa Päffgen. Dans cette interview de 2001, Ari Boulogne raconte sa relation avec son présumé père biologique, mais surtout avec la mère d'Alain Delon, Edith Boulogne, qui le considéra toujours comme étant le fils de son fils. Ce dernier, même s'il n'a pas nié sa relation avec Nico au temps de la conception, n'a jamais voulu le reconnaître, prétendant que s'il existait une ressemblance physique, elle ne pouvait être qu'une coïncidence morphologique comme l'avait plaidée avec succès ses avocats et dont la dépense en honoraires aurait certainement été mieux employée moralement si elle avait servi à payer une pension alimentaire. Pas sûr qu'on ait envie d'applaudir. Que des coïncidences on vous dit, tels ces milliers de commentaires sur les réseaux sociaux qui ne doutent pas un instant qu'Ari Boulogne fut son fils biologique. Mais, n'est-ce pas faire insulte à ce public qui pourtant porta l'acteur aux nues que d'avoir nié à la face du monde ce qui paraît être une évidence ? Ari Boulogne, décédé le  20 mai 2023 à l'âge de soixante ans, a finalement trouvé la paix dans une indifférence presque générale. Seul le fils légitime Anthony Delon a pensé lui rendre hommage sur Instagram.


Interview d'Edith Boulogne datant des années soixante-dix sur un fond musical chanté par Christa Päffgen et Marianne Faithfull:

21 juillet 2023

Crédit Suisse: Le croupier de la finance bancaire

189 voix à zéro, c'est le résultat du vote des Chambres fédérales pour instituer une Commission d'enquête parlementaire et tenter de faire la lumière sur la débâcle de la deuxième banque du pays. C'est aussi le reflet de l'indignation générale du peuple suisse et de ses édiles. Ce reportage de "Temps présent" propose de revenir minute par minute  sur ce deuxième échec helvétique du monde bancaire, après le sauvetage in extrémis d'UBS en 2008. Voici l'histoire d'un paquebot en perdition sur une mer moyennant agitée et sans iceberg, mais piloté par des capitaines ivres de cupidité. Ou quand Crédit Suisse rime avec Casino Suisse !

Thomas Wiesel mitraille CS

Dans l'émission "Les beaux parleurs", Thomas Wiesel taille une fois pour toute le costard du looser Crédit Suisse (CS). Ou plutôt celui de ses dirigeants addictifs aux jeux pathologiques et qui confondent banques et casinos. Perles choisies: "L'action est tombée à 1 balle cinquante. J't'échange cinq malabars contre une action CS. Crédit Suisse, c'est ton ex-toxico qui revient en t'assurant que cette fois il a changé et qu'il ne recommencera plus. Y a tellement de scandales qu'on a l'impression que j'en invente comme celui des bateaux de pêche aux thons au Mozambique..."



07 juillet 2023

Réseaux sociaux: Ces mots qui tuent

Lindsay, 13 ans, s'est donnée la mort le 12 mai dernier, après avoir été harcelée au collège pendant des mois. Sa mère, Betty Gervois, déclare: "J’ai tout essayé, j'ai tout fait. On n'a pas été aidés. On a été lâchés, complètement. Aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après". La jeune fille et ses parents avaient alerté à de nombreuses reprises, fait des signalements à l'établissement, porté plainte. En vain. Pourtant, en février dernier, Lindsay avait rédigé une lettre, comme un ultime appel à l'aide. Aujourd'hui, les parents déposent quatre plaintes, contre le directeur de l’établissement académique, les policiers initialement en charge de l'enquête, Facebook et Instagram. Comble de l'indignation, sur Internet, les insultes continuent après la mort de Lindsay et sont dirigées cette fois contre sa meilleure amie. Le ministre de l’Éducation nationale reconnaît des failles et demande l'ouverture d’une enquête administrative. Finalement, quatre mineurs et la mère d'une élève ont été mis en examen. Mais, aucune de ses mesures bien trop tardives ne ramènera Lindsay à la vie, à ses parents ou à ses amis. Et ce que l'on doit déplorer avant tout dans une telle affaire criminelle, c'est la cause initiale de ces tourments, soit une classe politique incapable de se faire respecter par les géants du Web ou GAFAM qui mettent à disposition de tout un chacun, enfants et adultes sans distinction, une technologie pour calomnier autrui, le harceler et le haïr en toute lâcheté en lui garantissant un semblant d'anonymat. Il y a à peine une génération, la commission de tous ces délits et crimes étaient impossibles parce que les réseaux sociaux et cet anonymat de carnaval n'existaient pas. Aujourd'hui, une partie de ces réseaux sociaux deviennent des machines à haine quand elle ne sont pas purement et simplement des trolls au service d'un pouvoir occulte ou étranger. Et les politiques de s'en émouvoir  uniquement lorsqu'ils font mine d'ignorer que les violences physiques sont toujours précédées de violences verbales et qu'elles finissent aussi pas menacer l'ordre établi en facilitant l'organisation d'émeutes et de pillages, tels les événements consécutifs au meurtre de Nahel par un policier français. Pourtant, depuis le XVIème siècle, l'auteur de Gargantua, François Rabelais, nous avait bien mis en garde: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".