08 décembre 2023

Dissuasion nucléaire + guerres hybrides: La stratégie triomphante des tyrans sur les démocraties

Et si l'arme nucléaire ne servait plus à dissuader, mais à éliminer une grande partie de l'humanité ? Personne n'y songe vraiment car tout les scénarii d'usage de la bombe atomique se fondent sur la théorie de la dissuasion, c'est-à-dire qu'aucun pays doté n'a intérêt à faire usage de l'arme atomique puisque le premier agresseur s'exposerait immédiatement à une riposte foudroyante des autres. Sauf que cette théorie bien pensante repose sur des prémisses qui n'ont plus vraiment cours aujourd'hui, à savoir : Primo, tous les États dotés doivent être réceptifs à la dissuasion. Secundo, ils ont une politique étrangère qui se veut pacifiste et non expansionniste. Et, enfin tertio, leurs dirigeants sont prévisibles et sain d'esprit. Or, lorsque l'on observe ce qui se passe du côté d'un État comme la Russie, soit le plus grand pays au monde du point de vue de sa superficie et dirigé par un kleptocrate à la tête d'un clan mafieux, on peut nourrir de sérieux doutes sur le fait que l'usage du nucléaire resterait en Russie purement dissuasif, comme le croient facilement les démocraties. Si l'on remonte à la fin de la Seconde guerre mondiale, qu'aurait fait Adolf Hitler, théoricien de la race aryenne, s'il avait disposé de l'arme atomique comme l'avait craint la communauté scientifique de l'époque qui s'était empressée d'alerter Franklin D. Roosevelt pour démarrer au plus tôt le projet Manhattan qui fut le premier essai nucléaire concluant.

Il est d'ailleurs symptomatique d'observer, à tout le moins depuis le début de l'invasion en Ukraine, un parallélisme effrayant avec ce qui s'est passé au XXème siècle, soit il y a tout juste cent ans et dont personne ne semble se souvenir: La montée du nazisme en Allemagne comparée à l'oppression permanente du régime de Poutine sur le peuple Russe, la politique de haine entretenue à l'égard des pays victorieux de la Première Guerre mondiale comparée à la haine toujours croissante nourrie par Poutine à l'égard de l'Europe, l'indolence coupable des États-Unis à laisser les choses dégénérées (par exemple, l'accueil très mitigé que les États-Unis avait réservé au chef d'œuvre de Charlie Chaplin "Le Dictateur", qui pourtant prophétisait la Shoah et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, en est un témoignage édifiant) comparée à la politique attentiste et équivoque de la Maison Blanche vis-à-vis de l'Ukraine et qui, avant février 2022, n'avait toujours pas pris la mesure de la dangerosité du Régime poutinien, et enfin, the last but not de least, le conditionnement du peuple russe à se préparer à la guerre comme l'avait évidemment voulu Adolf Hitler pour ses compatriotes après son accession démocratique au poste de chancelier du IIIème Reich. Est-on pareillement amnésique pour ne pas se rendre compte que l'Histoire est en train de bégayer. Sauf que la fin de ce cauchemar, à la différence de ce qui s'est passé au vingtième siècle, ne sera assurément pas la même: Qui peut imaginer un instant que Poutine, perdant la guerre, se réfugiera dans son blockhaus pour avaler une capsule de cyanure afin d'échapper à son procès pour crime de guerre et contre l'humanité?


Aujourd'hui, les commentateurs de la guerre en Ukraine se gargarisent de dissuasion nucléaire en prétendant que Poutine n'osera jamais faire le premiers pas. Mais, pour avancer de telle conjecture, encore faudrait-il savoir ce qu'il y a exactement dans la tête de ce dictateur-prévaricateur qui est aussi, comble de l'horreur, l'homme le plus riche et donc le plus corrupteur au monde. Et force est d'admettre que personne n'en sait rien. On disait de lui qu'il n'envahirait pas l'Ukraine. Il l'a fait. On disait qu'il respecterait des élections démocratiques et s'en irait au bout de huit ans. Il a éliminé politiquement et surtout physiquement tous ses opposants, a muselé la presse et la liberté d'opinion, puis s'est auto-proclamé à vie Tsar de toutes les Russies et ne cesse de fomenter des guerres hybrides et cyberattaques contre toutes les vraies démocraties qu'il sait pouvoir déstabiliser parce que ces dernières sont tellement corruptibles, comme l'avaient déjà constaté Lénine et Staline dans cet aphorisme devenu culte: «Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons.»

24 novembre 2023

Argentine: Le retour aux années Menem ?

Les argentins ont la mémoire courte. Trente ans après le libéralisme sauvage mené par leur ancien président Carlos Menem de 1989 à 1999, ils cèdent à nouveau aux sirènes de l'aventure politique et de la tentation du pire en élisant un président dit "libertaire", mais cette fois aux aspirations clairement déclarées à la différence de Menem qui érigea le mensonge d'État en programme politique. Javier Milei, c'est son nom, s'est fait élire en promettant, entre autres, la libéralisation des drogues, du port d'armes, de la vente d'organes. Il conteste les crimes d'État commis durant la dictature argentine de 1976 à 1983. Il veut interdire l'IVG tout en se vantant par ailleurs de pouvoir faire l'amour pendant des mois sans éjaculer. On appréciera toute la finesse de l'argument. Est-ce à dire que les argentins vont devoir s'initier à une sorte de néo-tantrisme? Que nenni, Javier Milei veut supprimer tous les cours d'éducation sexuelle à l'école. Pour marquer les électeurs et sa volonté politique de supprimer plusieurs ministères tels que l'Éducation, la Santé, les Travaux publics, le Développement social et les Femmes, il s'affiche publiquement avec une tronçonneuse qu'il n'hésite à faire vrombir. Il qualifie régulièrement le pape d'origine argentine de "fils de pute" et de "connard" l'accusant de répandre le communisme dans le monde entier. Avec de telles outrances grossières et vulgaires, on en viendrait presque à regretter l'art consommé de la tromperie et de la trahison auquel Carlos Menem avait habitué les argentins. Mais, il se pourrait que la nation argentine subisse a postériori les deux fléaux à la fois puisque le parti politique de Javier Milei est minoritaire au Parlement et qu'il lui faudra tôt ou tard céder aux compromissions de toute sorte qui se font bien entendu sur le dos des électeurs, au détriment de l'intérêt public, mais certainement pas de celui des politiciens. Winston Churchill disait: «La démocratie est le pire des systèmes politiques, à l'exclusion de tous les autres.» Ce qui signifie aussi que parmi tous les autres il peut être le moins mauvais. Par contre, ce qui est sûr en démocratie, c'est que les peuples  finissent fatalement par obtenir les dirigeants qu'ils méritent, dussent-ils être les pires.

10 novembre 2023

Que se passe t-il après la mort ?

Dans cet ancien reportage de la défunte émission de la RTS "Faut pas croire" qui n'a jamais trouvé de successeur, - preuve s'il est besoin de rappeler à quel point l'intérêt pour la spiritualité et la philosophie sont en déclin dans notre société -, les invités tentent de répondre laborieusement à cette question lancinante qui taraude tout un chacun. Et pour ce faire de s'appuyer sur les EMI ou expériences de mort imminente rapportées "scientifiquement" par des individus qui à la suite de traumatisme ont vécu des états de conscience altérée, et accorder ensuite à ces témoignages la prétention de rendre compte de ce que serait la mort et de découvrir ce qui s'y passe après. Il est vrai que ces théories "fumeuses" font florès dans la vente de bouquins et qu'elles sont davantage écoutées pour le profit  commercial qu'elles engendrent que pour leur réel intérêt à tenter de résoudre de manière vraisemblable la question posée. Et, si ça se vend, pourquoi s'en priver au risque de décevoir les lecteurs férus de témoignages purement subjectifs et parfois abracadabrantesques ? Pourtant, déjà en 300 avant notre ère, le philosophe Épicure nous rappelle à bon escient le caractère rigoureusement binaire de la question: «Tant que nous sommes, la mort n'est pas là. Et une fois que la mort est là, alors nous ne sommes plus.» Or, à l'appui d'un tel précepte antique, on voit difficilement comment les EMI qui sont un phénomène exclusivement endogène au cerveau humain peuvent en quoi que ce soit rendre compte de ce qu'est la mort et surtout de ce qui s'y passe après. Car, le simple fait de rapporter des témoignages de sensations et d'affects personnels relevant de la neurologie, la psychiatrie ou la psychologie demeure avant tout une preuve de vie desdits témoins et certainement pas de leur mort, fût-elle imminente ou pas, sauf à considérer que tous ces témoins soient devenus soudainement des zombies. Et, comme tout le monde le sait, les zombies appartiennent à la fiction et non au réel. Que d'enfumage  et de galimatias abscons  pour une question qui s'avère bien plus prosaïque qu'une certaine doxa ne le prétend. Pour les internautes qui souhaitent approfondir le sujet, mais en ont marre de la "zombies-mania", cliquez sur ce lien !

27 octobre 2023

La voix synodale de Patrice Gourrier

Dans une interview du 12 février 2005, alors que Jean-Paul II, diminué par la maladie, est en fin de règne, Patrice Gourrier, prêtre catholique et écrivain , s'exprime sur le plateau de l'émission "Tout le monde en parle". Selon lui, le monde a besoin d'espérance. Déjà, il y a seize siècle, un vieux moine dans le désert disait que le monde est devenu fou. Mais, que dirait-il aujourd'hui du monde dans lequel nous sommes ? Notre temps est confronté à trois barbaries: humaine, économique et écologique (ndr. Et encore, si le terrorisme lié au 11 septembre 2001 était déjà bien présent, la guerre en Ukraine n'en était qu' au stade de sa gestation). Alors que l'Église a besoin de renouveau, elle se replie sur elle-même dans ce que Patrice Gourrier appelle la tentation de l'escargot au risque de se faire écraser dans sa coquille. Puis, il évoque tour à tour l'épidémie de SIDA, l'usage du préservatif, l'IVG, la sexualité, les rapports délétères à l'argent, la doctrine sociale de l'Église. Pour Patrice Gourrier, si le message chrétien n'arrive plus à séduire, c'est parce que le Christianisme est malheureusement confondu avec une vision nihiliste de la morale que l'on voudrait réduire au dénigrement et à la stigmatisation alors que sa définition académique et philosophique est bien plus riche et complexe. Par contre, quand on va au devant du Christ et qu'on accepte son message, on ne peut plus vivre n'importe comment: "Quand je vais à la messe, je ne peux plus me comporter comme un salaud dans mon entreprise, avec ma voisine, avec mon épouse, etc..." À chacune et chacun de décliner en conscience cette citation selon son vécu, soit ses pensées, ses paroles, ses actes ou  omissions coupables.

13 octobre 2023

Le pogrom du Hamas était-il prévisible ?

Alors que la barbarie massive commise par le Hamas a atteint le comble de l'horreur durant le shabbat du 7 octobre 2023, l'engrenage de la riposte israélienne sur la bande de Gaza s'annonce des plus sanglantes au cours de ces prochains jours, notamment pour les gazaouis, victimes collatérales inévitables de ces affrontements meurtriers. Mais ce qui surprend le plus dans cette énième éruption de ce conflit auquel les belligérants se sont habitués depuis des lustres, c'est la nature exceptionnelle d'une attaque méthodique, coordonnée et donc minutieusement préparée depuis des mois et qu'aucune autorité israélienne du renseignement n'a su anticiper et déjouer. Que s'est-il passé à la tête du gouvernement israélien pour qu'une tuerie de cette gravité pût se produire ? Une semaine avant les faits, les israéliens étaient encore nombreux à manifester dans les rues de Tel-Aviv contre une réforme de la justice voulue prioritaire par leur premier ministre Benjamin Netanyahou qui, outre le fait d'affaiblir la démocratie israélienne et sa sécurité, servait avant tout ses alliés politiques issus des mouvements suprémacistes et ultra-orthodoxes qui n'ont en ligne de mire que l'implantation de nouvelles colonies au détriment de la paix avec leurs voisins palestiniens. Mais la régression démocratique et morale qui paraît la plus préoccupante pour Israël est d'avoir espéré qu'un politicien poursuivi pour plusieurs scandales de corruption fût encore capable de se soucier exclusivement des intérêts nationaux et sécuritaires de son pays alors que ce dernier s'est employé pour son propre compte à bidouiller les lois pour ne pas avoir à répondre de ses actes devant la justice comme tout citoyen ordinaire aurait eu à le faire.