C'est une liesse générale qui s'est exprimée récemment dans les capitales européennes pour célébrer la fin d'une dictature la plus sanguinaire que notre monde contemporain a connu. Bachar al-Assad a finalement quitté son fief de tyran pour se réfugier, lui, sa famille et sa fortune évaluée à deux milliards de dollars, en Russie auprès de Vladimir Poutine qui en dépit de ses promesses réitérées s'était pourtant engagé militairement à ne jamais le laisser tomber. À ce titre, les syriens peuvent remercier l'Ukraine (et accessoirement l'Europe et les États-Unis) pour avoir affaibli la Russie à un point tel qu'elle n'était plus en mesure de protéger le régime syrien. Puis, de s'étonner de la rapidité avec laquelle les rebelles ont emprunté leur chemin de Damas pour faire abdiquer l'armée loyaliste en treize jours. Mais, c'est aussi vite oublier que la révolution syrienne a commencé il y a plus de treize ans avec une guerre civile savamment entretenue par le régime en place afin de rester coûte que coûte au pouvoir, sacrifiant près d'un demi-million de morts. Et, si le coup de grâce a pu être donné si facilement par les rebelles dans un pays exsangue, c'est enfin dû à l'affaiblissement du Hezbollah syrien par l'armée israélienne, notamment depuis l'attaque particulièrement rusée des beepers qui décima en moins de 24 heures le commandement de la faction terroriste soutenue par l'Iran. Les syriens d'aujourd'hui de toute confession et de de toute ethnie qui clament haut et fort leur joie d'être délivrés de leur oppresseur, sauront-ils demain se souvenir que c'est aussi grâce aux régimes démocratiques que le tyran Bachar al-Assad a fini par tomber ?
« La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. » Charles Baudelaire
13 décembre 2024
29 novembre 2024
Trump II: Guerre larvée autour de la protection de l'enfance (2/2)
Et si finalement le trumpisme de base et le clivage irréductible qu'il déclenche dans la société américaine ne trouve pas aussi sa racine dans cette controverse profonde qui existe depuis un certain temps déjà à propos de la façon d'éduquer les enfants : D'un côté, un personnel enseignant (instituteurs, bibliothécaires, psychologues, voire médecin, etc. ) qui, sous prétexte de défendre l'identité sexuelle ou culturelle des chérubins veut initier les écoliers à des sujets qu'ils ne sont de toute évidence pas en âge de comprendre et n'ont donc pas la maturité psychologique et affective de faire des choix comme par exemple celui de remettre en question le genre donné à la naissance. De l'autre, des parents médusés qui doivent assister dans le cadre de l'école à des conférences sur l'éveil à la culture woke dispensé de surcroît par des Drag Queen en chair et os, soit des avatars de clown ou travesti qui, pour le coup, vous passent définitivement l'envie de rire. Il est vrai que le pays dans son évolution historique, scientifique et économique à toujours eu, vu d'Europe, la réputation d'être une société avant-gardiste et de s'enorgueillir: un pays où la liberté d'expression est sacrée et protégée par la Constitution. Mais, il n'est pas nécessaire d'être particulièrement futé pour comprendre que l'exercice d'une telle liberté peut comporter des excès qu'aucune société libre et démocratique ne saurait acceptée, spécialement quand l'intérêt de l'enfant dans son développement psychologique, voire physique, est menacé. Si l'école publique doit protéger l'enfant de toute discrimination, elle n'a pas à être le thuriféraire de la cause LGBTQIA+ en abordant des sujets personnels et intimes sur lesquels les écoliers n'ont pas de maturité suffisante pour se déterminer. Hors du cadre scolaire, cette limite est clairement posée dans le domaine du cinéma où un âge minimum doit être requis pour qu'un spectateur mineur puisse comprendre et assimiler raisonnablement le contenu projeté. On retrouve les mêmes limites pédagogiques sur internet avec le dispositif du contrôle parental. Alors pourquoi donc les parents américains devraient-ils tolérer que les problèmes de genre qui touchent à la sexualité future d'un enfant soient abordés à un âge inadapté qui risque d'occasionner des troubles psychologiques importants ?
15 novembre 2024
Trump II : Les États-Unis d'Europe à marche forcée ou rien (1/2)
Entre une ancienne Procureure générale, fer de lance du respect des institutions démocratiques et de l'État de droit, et un promoteur immobilier faisant l'objet de trente-quatre inculpations pénales, dont une condamnation et deux affaires en délibéré, deux tentatives de destitution et six faillites, les Américains ont finalement choisi le "bad boy" dont la vie fut miraculeusement sauvée par une balle de fusil mal ajustée lui frôlant l'oreille droite : Donald Trump sera à nouveau Président des États-Unis d'Amérique pour quatre ans, et peut-être plus si ce dernier rêve d'instaurer au cours de ce second mandat une sorte de dynastie oligarque qui perpétuerait son héritage pour le moins populiste et libertarien, s'inspirant au passage de son alter ego Vladimir Poutine qui n'hésita pas à amender la Constitution de son pays pour se proclamer Tsar de toutes les Russies jusqu'à son trépas. Et, au-delà des idéologies politiques qui séparaient les deux candidats, ce qui fit la victoire de Trump est assurément que Mme Harris, en sa qualité de vice-présidente, n'a jamais eu la hargne et la détermination de son rival. Vu d'Europe, cette victoire est d'autant plus déroutante que le candidat Trump a fait la parfaite démonstration qu'en étant un repris de justice impénitent et un calomniateur compulsif et invétéré, on pouvait malgré tout obtenir le suffrage d'une majorité d'Américains tout en méprisant les institutions démocratiques comme il le fit en 2021 en refusant d'admettre sa défaite face à Joe Biden. Cela en dit long sur l'évolution des mœurs et la mentalité d'une grande majorité d'Américains qui, désormais, se fiche éperdument du continent européen et ne partage plus avec lui cette communauté de destin et de valeurs tel qu'on l'eut connu au sortir de la Seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, il ne reste plus que des intérêts strictement nationalistes avec ses slogans "America First" ou "Make America great again", où l'oncle Sam n'est plus l'allié d'autrefois, mais s'est mû en un adversaire cynique et calculateur. Confrontés à cette montée de nationalisme exacerbé, les politiciens européens commettraient une immense erreur en voulant singer dans leur pays cette nouvelle Amérique pour conquérir le pouvoir. Car, face à la première puissance militaire qui désormais ne respecte plus que l'argent et les rapports de force - ce qui déjà en dit long sur les prochaines catastrophes climatiques et autres calamités qui nous attendent -, les nations européennes n'ont pas d'autre choix que d'agir dans l'union qui, à elle seule, leur garantira d'être un contrepoids déterminant, tant vis-à-vis d'un Trump isolationniste que face à un Poutine impérialiste, puisque ces deux-là n'auront de cesse de l'affaiblir si elle s'avère incapable de construire une défense commune tendant vers une souveraineté confédérale, comme l'était par exemple la Suisse ou les États-Unis au XIXème siècle, auquel cas elle assistera à sa lente et inexorable désagrégation, faute de n'avoir pas su être maître de son destin. Autrement dit, si l'Europe ne comprend pas que Trump est finalement un mal pour un bien, alors son retour qui s'annonce tonitruant et fracassant n'aura servi à rien et pourrait signer la fin de la construction européenne.
Contributeur(s):
Eddy Mitchell
Lieu :
Bruxelles, Belgique
01 novembre 2024
Trans/Post-humanisme : Le dogme des malins ou des crétins
L'immortalité et rien de moins ! Voilà ce que nous promettent ces soi-disant transhumanistes tel le Dr Laurent Alexandre, médecins et chirurgien de son état, au moyen des progrès technologiques et scientifiques et surtout grâce à l'intelligence artificielle qui, selon le médecin, dépassera la pensée et l'intelligence humaines au cours des dix prochaines années. La mort biologique ne serait alors plus qu'une option parmi les pathétiques et illusoires promesses d'immortalité vantées par ce Deus ex machina. Et comme se plaisait à le dire le cinéaste Woody Allen: "L'éternité, c'est long, surtout vers la fin". C'est dire si cette immortalité promise pourrait être d'un ennui à mourir à un point tel où le comble de l'ironie serait qu'on ne puisse plus s'en sortir autrement que par le suicide. Si on y ajoute que la plupart de nos immortels se verrait contraint de supporter sempiternellement le poids de leurs injustices et les stigmates physiques et psychiques du vieillissement, ce voyage sans fin pourrait davantage ressembler à une sorte d'aller simple en enfer qu'à une sinécure. Or, à bien y réfléchir (l'IA peut-elle en faire autant ?), la certitude de savoir que nous sommes mortels devrait plutôt nous réconforter, même si de prime abord cela paraît contre-intuitif. Car, c'est bien la finitude de l'existence qui élève la condition humaine, nourrit de nouvelles espérances et permet de s'affranchir définitivement d'un martyre ou d'un ennui interminables. Selon Arthur Schopenhauer (philosophe du XIXème siècle), "exiger l'immortalité de l'individu signifie en réalité vouloir perpétuer à l'infini une erreur". Car, la mort c'est d'abord cesser d'être ce que l'on est pour changer en entier et être transporté dans un autre monde. Et, les transhumanistes qui ne l'auraient pas encore compris sont des crétins. Quant aux autres, ils savent parfaitement exploiter l'anxiété existentielle qu'inspire la mort et ses répercussions sur les sociétés humaines pour en retirer pouvoir et richesses, eux qui promettent d'euthanasier cette finitude naturelle en constituant une gérontocratie qui n'en finirait pas de vieillir. Mais de quel humanisme parle-t-on exactement quand on sait par avance que ces progrès scientifiques ne sont destinés qu'à améliorer la santé d'une infime minorité de ploutocrates de ce monde: les puissants botoxés, les nantis liftés, les riches augmentés, ceux-là même qui ne verront aucune indécence à vivre dans leur tour d'ivoire isolée et protégée de l'immense majorité d'une population indigente, en proie aux inégalités sociales, luttant pour sa survie et n'ayant même pas accès aux soins médicaux de base ?
Contributeur(s):
Alexandre Laurent,
Berichet Quentin,
Heisbourg François,
Hugeux Vincent,
Momtaz Rym,
Pujadas David
Lieu :
Paris, France
18 octobre 2024
Israël - Palestine : D'une paix rendue impossible à la fabrique de monstres
Au moment où il nous faut commémorer le pogrom du 7 octobre 2023 et nous recueillir sur les centaines de victimes innocentes des exactions génocidaires du Hamas qui, ironie funeste, s'en est pris assurément aux israéliens les plus conciliants et les plus empathiques à leur cause, soit des jeunes qui n'aspiraient qu'à la paix entre les deux peuples et ne faisaient que festoyer joyeusement, tout à l'opposé de la mentalité des colons juifs orthodoxes implantés en Cisjordanie qui, pour les plus fanatiques d'entre eux, ne cherchent qu'à restaurer le "Grand Israël" biblique et pour le coup vouloir une terre qui va bien au-delà de celle de la Palestine historique du fleuve Jourdain à la Mer Méditerranée, ce reportage détaille scrupuleusement les événements des vingt dernières années qui démontrent rétrospectivement et à l'évidence les torts amplement partagés des deux belligérants qui n'ont cessé d'agir contre la solution à deux États, pourtant décidée par la Communauté internationale et voulue à l'époque tant par le 1er ministre israélien Yitzhak Rabin que par le chef de l'organisation de lutte pour la Palestine Yasser Arafat, comme cela fut convenu dans les accords d'Oslo de 1993. Et pour cause. Yitzhak Rabin ne verra jamais se concrétiser la solution à deux États puisqu'il fut assassiné deux ans plus tard par un juif ultra orthodoxe. Quant à Yasser Arafat, il exercera l'autorité palestinienne jusqu'en 2004, année de sa disparition après avoir été empoisonné au polonium par son entourage.
Hélas, c'est le triste sort que l'on réserve aux hommes politiques «faiseurs de paix» au Proche-Orient. Déjà en 1981, le président égyptien Anouar el-Sadate fut assassiné par un membre du Jihad islamique pour avoir conclu les accords de paix de Camp David en 1978 avec l'israélien Menahem Begin. Après cet immense gâchis diplomatique, il n'en fallut pas plus pour que les fanatiques des deux bords prennent le dessus et se transforment en va-t-en guerre: Le Hamas en niant l'existence de l'État hébreux, en brisant l'unité du peuple palestinien pour se dissocier du Fatah et tomber dans les travers de l'intégrisme religieux; le gouvernement de Netanyahu pour avoir favorisé cette division, affaibli la cause palestinienne et repoussé aux calendes grecques toute solution à deux États aux seules fins de poursuivre cyniquement sa colonisation de la Cisjordanie. Aujourd'hui, Israël, plus que les trois "H" que sont le Hamas, le Hezbollah et les Houthis, se retrouve rétrospectivement face à ses propres démons, soit d'avoir choisi le conflit permanent en arguant prétendument de sa survie alors qu'il n'a fait qu'assouvir une politique de colonisation de la Cisjordanie durant ces quinze dernières années. Si Israël se prévaut d'être une véritable démocratie laïque, à l'inverse du Hamas, il se doit de faire son examen de conscience et trancher ce lourd dilemme entre la solution à deux États ou sa politique de colonisation, voire d'expansion, autrement dit entre une paix durable ou une guerre perpétuelle avec ses voisins. Mais, il se pourrait bien que face à la menace croissante et généralisée de l'islamisme dans cette région du monde qui a pour effet de brouiller toujours plus la légitime et véritable cause historique et politique des palestiniens, ce choix ne soit plus possible et qu'une guerre hybride de "civilisations" soit déjà engagée et dont l'intensité dépendra aussi du résultat de la prochaine élection présidentielle américaine. Non pas une guerre de la culture judéo-chrétienne contre celle des musulmans comme on tentera de nous le faire accroire. Mais, avant tout, un combat des Démocraties laïques et des Lumières contre un fascisme et un fanatisme religieux des ténèbres. Et l'embryon d'un État palestinien de se voir à nouveau sacrifié sur l'autel des impérialismes dominants.
Contributeur(s):
Amara Sofia,
Enrico Macias
Lieu :
Israël
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