18 août 2023

Climat: Greenwashing et injonctions contradictoires


"C'est une tendance structurelle, il n'y aura pas de retour à la normale", explique le chercheur François Gemenne, membre du GIEC. Peut-on encore parler de climat tempéré? "Non. Le climat méditerranéen va se généraliser et il sera de plus de plus en plus instable avec une augmentation des phénomènes extrêmes, de leur fréquence et de leur intensité (...) A l'échelle de nos vies, c'est irréversible et cela va s'aggraver donc il va falloir s'adapter", ajoute-t-il. Plus globalement, le scientifique déplore que les Etats ne prennent pas assez de mesures pour faire face au changement climatique. "Clairement, il y a quelques grands pays qui ne jouent pas le jeu, je pense en particulier à l'Arabie Saoudite ou à quelques petits Etats pétroliers. (...) Le problème aujourd'hui, c'est que personne ne joue vraiment le jeu qu'il faudrait jouer (...) Concrètement, pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris, il faudrait que les émissions mondiales de gaz à effet de serre baissent de 6 % par an. Aujourd'hui, elles sont toujours en train d'augmenter d'environ 1 % par an", précise le chercheur.


S'agissant du secteur aérien, 22 associations, membres du Bureau européen des unions de consommateurs, ont décidé de déposer plainte contre 17 compagnies aériennes, dont Air France et KLM, pour greenwashing et pratiques commerciales trompeuses, en proposant aux consommateurs de payer des suppléments pour voler avec du carburant vert qui n'existe pas pour l'instant. Ainsi, les compagnies aériennes pensent déculpabiliser les consommateurs en leur faisant accroire qu'ils vont équilibrer leur bilan carbone. De son côté, Air France prétend avoir incorporé 1% de carburant vert sur ses vols depuis 2022 et estime pouvoir atteindre 10% d'ici à 2030. Mais, selon François Carlier, délégué associatif, le transport aérien ne se contente pas de dire que son activité est verte et écologique, ce qui en soi est critiquable, il propose aussi aux consommateurs de s'acquitter de l'usage d'un carburant durable qui pourtant n'existe toujours pas.

Lorsqu'on observe le comportement actuel des plus grands émetteurs de CO2, comment ne pas faire de parallèle avec les industriels du tabac à l'époque où débuta l'immense controverse sur la dangerosité des cigarettes auprès des consommateurs. Toute la stratégie de ces industriels fut de retarder le plus longtemps possible la révélation publique de cette implacable vérité scientifique qu'ils ne pouvaient ignorer: le tabac est addictif et tue. Avec le réchauffement climatique, c'est exactement le même scénario qui se rejoue. Tout est fait pour déculpabiliser le consommateur et protéger ainsi les intérêts colossaux des émetteurs de CO2. Alors qu'on devrait par exemple commencer par interdire toute forme de réclame en faveur du transports aériens, on laisse le pouvoir de l'argent user de tout artifice politique et commercial pour persuader les consommateurs de ne surtout pas changer leurs habitudes. Comment s'étonner encore que nous regardions (enfin) notre maison brûler, mais que personne ne puisse venir à bout de la fournaise ?

04 août 2023

Alain Delon: «Tu n'es pas mon fils et ne le seras jamais»

Au moment où la clan familial décide de poursuivre pénalement et publiquement Hiromi Rollin, la femme qui a partagé la vie d'Alain Delon depuis ces vingt dernières années, définie comme "dame de compagnie", mais surtout pas comme concubine, encore moins comme fiancée (y aurait-il du rififi autour du grisbi que cela n'étonnera personne ?), l'opinion publique semble avoir oublié la disparition récente d'un individu nommé "Ari Boulogne" né le 11 août 1962 et qui a toujours prétendu être le fruit d'une relation entre l'acteur qui joua dans "Plein soleil", "La piscine", mais aussi "Parole de flic", et la chanteuse et mannequin Nico, de son vrai nom Christa Päffgen. Dans cette interview de 2001, Ari Boulogne raconte sa relation avec son présumé père biologique, mais surtout avec la mère d'Alain Delon, Edith Boulogne, qui le considéra toujours comme étant le fils de son fils. Ce dernier, même s'il n'a pas nié sa relation avec Nico au temps de la conception, n'a jamais voulu le reconnaître, prétendant que s'il existait une ressemblance physique, elle ne pouvait être qu'une coïncidence morphologique comme l'avait plaidée avec succès ses avocats et dont la dépense en honoraires aurait certainement été mieux employée moralement si elle avait servi à payer une pension alimentaire. Pas sûr qu'on ait envie d'applaudir. Que des coïncidences on vous dit, tels ces milliers de commentaires sur les réseaux sociaux qui ne doutent pas un instant qu'Ari Boulogne fut son fils biologique. Mais, n'est-ce pas faire insulte à ce public qui pourtant porta l'acteur aux nues que d'avoir nié à la face du monde ce qui paraît être une évidence ? Ari Boulogne, décédé le  20 mai 2023 à l'âge de soixante ans, a finalement trouvé la paix dans une indifférence presque générale. Seul le fils légitime Anthony Delon a pensé lui rendre hommage sur Instagram.


Interview d'Edith Boulogne datant des années soixante-dix sur un fond musical chanté par Christa Päffgen et Marianne Faithfull:

21 juillet 2023

Crédit Suisse: Le croupier de la finance bancaire

189 voix à zéro, c'est le résultat du vote des Chambres fédérales pour instituer une Commission d'enquête parlementaire et tenter de faire la lumière sur la débâcle de la deuxième banque du pays. C'est aussi le reflet de l'indignation générale du peuple suisse et de ses édiles. Ce reportage de "Temps présent" propose de revenir minute par minute  sur ce deuxième échec helvétique du monde bancaire, après le sauvetage in extrémis d'UBS en 2008. Voici l'histoire d'un paquebot en perdition sur une mer moyennant agitée et sans iceberg, mais piloté par des capitaines ivres de cupidité. Ou quand Crédit Suisse rime avec Casino Suisse !

Thomas Wiesel mitraille CS

Dans l'émission "Les beaux parleurs", Thomas Wiesel taille une fois pour toute le costard du looser Crédit Suisse (CS). Ou plutôt celui de ses dirigeants addictifs aux jeux pathologiques et qui confondent banques et casinos. Perles choisies: "L'action est tombée à 1 balle cinquante. J't'échange cinq malabars contre une action CS. Crédit Suisse, c'est ton ex-toxico qui revient en t'assurant que cette fois il a changé et qu'il ne recommencera plus. Y a tellement de scandales qu'on a l'impression que j'en invente comme celui des bateaux de pêche aux thons au Mozambique..."



07 juillet 2023

Réseaux sociaux: Ces mots qui tuent

Lindsay, 13 ans, s'est donnée la mort le 12 mai dernier, après avoir été harcelée au collège pendant des mois. Sa mère, Betty Gervois, déclare: "J’ai tout essayé, j'ai tout fait. On n'a pas été aidés. On a été lâchés, complètement. Aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après". La jeune fille et ses parents avaient alerté à de nombreuses reprises, fait des signalements à l'établissement, porté plainte. En vain. Pourtant, en février dernier, Lindsay avait rédigé une lettre, comme un ultime appel à l'aide. Aujourd'hui, les parents déposent quatre plaintes, contre le directeur de l’établissement académique, les policiers initialement en charge de l'enquête, Facebook et Instagram. Comble de l'indignation, sur Internet, les insultes continuent après la mort de Lindsay et sont dirigées cette fois contre sa meilleure amie. Le ministre de l’Éducation nationale reconnaît des failles et demande l'ouverture d’une enquête administrative. Finalement, quatre mineurs et la mère d'une élève ont été mis en examen. Mais, aucune de ses mesures bien trop tardives ne ramènera Lindsay à la vie, à ses parents ou à ses amis. Et ce que l'on doit déplorer avant tout dans une telle affaire criminelle, c'est la cause initiale de ces tourments, soit une classe politique incapable de se faire respecter par les géants du Web ou GAFAM qui mettent à disposition de tout un chacun, enfants et adultes sans distinction, une technologie pour calomnier autrui, le harceler et le haïr en toute lâcheté en lui garantissant un semblant d'anonymat. Il y a à peine une génération, la commission de tous ces délits et crimes étaient impossibles parce que les réseaux sociaux et cet anonymat de carnaval n'existaient pas. Aujourd'hui, une partie de ces réseaux sociaux deviennent des machines à haine quand elle ne sont pas purement et simplement des trolls au service d'un pouvoir occulte ou étranger. Et les politiques de s'en émouvoir  uniquement lorsqu'ils font mine d'ignorer que les violences physiques sont toujours précédées de violences verbales et qu'elles finissent aussi pas menacer l'ordre établi en facilitant l'organisation d'émeutes et de pillages, tels les événements consécutifs au meurtre de Nahel par un policier français. Pourtant, depuis le XVIème siècle, l'auteur de Gargantua, François Rabelais, nous avait bien mis en garde: "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".

23 juin 2023

Déinquance migratoire et amalgames foireux


Dans l'émission "Quelle époque", sa présentatrice Léa Salamé revient sur l'agression au couteau commis par un migrant syrien sur plusieurs bambins en promenade au bord du lac d'Annecy. Passé l'indignation générale qu'un drame aussi abominable a pu susciter dans le monde, certains s'interrogent sur la récupération que les politiciens pensent devoir tirer de cet émoi gigantesque de l'opinion publique: chaos migratoire, délinquance étrangère, pandémonium, "francocides", etc... (Éric Ciotti pensait même pouvoir stigmatiser les musulmans en raison de la nationalité de l'auteur jusqu'au moment où il apprit que celui-ci est de confession chrétienne.) Et voilà qu'à nouveau l'anathème est jeté sur des dizaines millions de migrants parfaitement intégrés dans nos sociétés européennes. Pourtant, il suffirait de garder raison pour se rendre compte que dans un fait divers de cette gravité, la cause de l'acte commis, pour autant qu'on puisse la déterminer, n'a pas grand chose à voir avec l'origine de l'auteur ou son statut administratif. En effet, celui-ci a obtenu un droit de résidence en Suède. Puis, pour des raisons pour le moins étranges, il s'était rendu dans d'autres pays européens pour obtenir un droit d'asile (?), ce qui n'a rien de banal. Enfin, si l'on cherche le mobile de son acte, on s'aperçoit qu'il ne correspond pas aux motifs habituels de la délinquance migratoire qui le plus souvent sont ceux de l'appât du gain, tel le trafic de stupéfiants, les vols ou cambriolages. Sous réserve du terrorisme, ici, on semble être en face d'un crime sans mobile qui jamais ne trouvera d'explication dans le phénomène de la migration. Et ce crime incompréhensible, c'est assurément celui de la folie que personne n'envisage, car personne ne la comprend, ni ne l'accepte, à part peut-être les psychiatres. Et si ce n'est la maladie mentale, alors ça ne peut être qu'un crime d'extrême perversité, ce qui rend ce comportement d'autant plus monstrueux. Ces actes effroyables et isolés échappent tellement à l'entendement humain qu'on préfère les oublier. Pourtant, l'histoire moderne de la psychiatrie et de la criminologie en recensent de nombreux en un siècle: Du vagabond Joseph Le Vacher qui tua à la fin du XIXème siècle au minimum une vingtaine de jeunes bergers au norvégien extrémiste Anders Breivik qui en juillet 2011 assassinat pas moins de 77 personnes, dont de nombreux adolescents et jeunes adultes sur l'île d'Utoya, en passant par les répétitives tueries de masse dans les écoles américaines dont le seul dénominateur commun, à part les troubles mentaux de leurs auteurs, est l'accès facilité aux armes à feu. Et certainement pas les migrants dont le seul tort est de vouloir exercer ce droit naturel propre à chaque être humain de rechercher son bonheur, dussent-ils pour ce faire traverser des frontières terrestres et maritimes et s'en remettre, parfois et par désespoir, à des passeurs cupides et sans scrupule.


Enfin, cette tragédie a révélé l'héroïsme d'un jeune catholique de 24 ans qui avec son sac à dos a empêché l'agresseur de s'en prendre à d'autres victimes pendant que de nombreux témoins, assistant à la scène, demeurèrent tétanisés. Henri, c'est son prénom, avait entamé depuis deux mois un tour de France à pieds des cathédrales (cela ne s'invente pas), ce qui le fit passer par Annecy. Il explique: "J'ai agi par instinct. Je voulais à tout prix arrêter l'attaquant." Une coïncidence salutaire qui, comme le formulait Albert Einstein, révéla ce jour-là une présence divine impromptue se promenant incognito.