Dans une interview du 12 février 2005, alors que Jean-Paul II, diminué par la maladie, est en fin de règne, Patrice Gourrier, prêtre catholique et écrivain , s'exprime sur le plateau de l'émission "Tout le monde en parle". Selon lui, le monde a besoin d'espérance. Déjà, il y a seize siècle, un vieux moine dans le désert disait que le monde est devenu fou. Mais, que dirait-il aujourd'hui du monde dans lequel nous sommes ? Notre temps est confronté à trois barbaries: humaine, économique et écologique (ndr. Et encore, si le terrorisme lié au 11 septembre 2001 était déjà bien présent, la guerre en Ukraine n'en était qu' au stade de sa gestation). Alors que l'Église a besoin de renouveau, elle se replie sur elle-même dans ce que Patrice Gourrier appelle la tentation de l'escargot au risque de se faire écraser dans sa coquille. Puis, il évoque tour à tour l'épidémie de SIDA, l'usage du préservatif, l'IVG, la sexualité, les rapports délétères à l'argent, la doctrine sociale de l'Église. Pour Patrice Gourrier, si le message chrétien n'arrive plus à séduire, c'est parce que le Christianisme est malheureusement confondu avec une vision nihiliste de la morale que l'on voudrait réduire au dénigrement et à la stigmatisation alors que sa définition académique et philosophique est bien plus riche et complexe. Par contre, quand on va au devant du Christ et qu'on accepte son message, on ne peut plus vivre n'importe comment: "Quand je vais à la messe, je ne peux plus me comporter comme un salaud dans mon entreprise, avec ma voisine, avec mon épouse, etc..." À chacune et chacun de décliner en conscience cette citation selon son vécu, soit ses pensées, ses paroles, ses actes ou omissions coupables.
« La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. » Charles Baudelaire
27 octobre 2023
La voix synodale de Patrice Gourrier
Contributeur(s):
Gourrier Patrice
Lieu :
Paris, France
13 octobre 2023
Le pogrom du Hamas était-il prévisible ?
Alors que la barbarie massive commise par le Hamas a atteint le comble de l'horreur durant le shabbat du 7 octobre 2023, l'engrenage de la riposte israélienne sur la bande de Gaza s'annonce des plus sanglantes au cours de ces prochains jours, notamment pour les gazaouis, victimes collatérales inévitables de ces affrontements meurtriers. Mais ce qui surprend le plus dans cette énième éruption de ce conflit auquel les belligérants se sont habitués depuis des lustres, c'est la nature exceptionnelle d'une attaque méthodique, coordonnée et donc minutieusement préparée depuis des mois et qu'aucune autorité israélienne du renseignement n'a su anticiper et déjouer. Que s'est-il passé à la tête du gouvernement israélien pour qu'une tuerie de cette gravité pût se produire ? Une semaine avant les faits, les israéliens étaient encore nombreux à manifester dans les rues de Tel-Aviv contre une réforme de la justice voulue prioritaire par leur premier ministre Benjamin Netanyahou qui, outre le fait d'affaiblir la démocratie israélienne et sa sécurité, servait avant tout ses alliés politiques issus des mouvements suprémacistes et ultra-orthodoxes qui n'ont en ligne de mire que l'implantation de nouvelles colonies au détriment de la paix avec leurs voisins palestiniens. Mais la régression démocratique et morale qui paraît la plus préoccupante pour Israël est d'avoir espéré qu'un politicien poursuivi pour plusieurs scandales de corruption fût encore capable de se soucier exclusivement des intérêts nationaux et sécuritaires de son pays alors que ce dernier s'est employé pour son propre compte à bidouiller les lois pour ne pas avoir à répondre de ses actes devant la justice comme tout citoyen ordinaire aurait eu à le faire.
29 septembre 2023
Fascisme versus Démocratie: le sempiternel combat
Dans une interview de 2006, alors qu'il est amené à s'exprimer sur la sortie de l'un de ses livres (American Vertigo), le philosophe Bernard-Henri Lévy (BHL) se risque à pronostiquer quelle pourrait être la prochaine "guerre de civilisations": guerre contre le terrorisme, guerre de religions ? Que nenni! BHL n'y va pas par quatre chemins et affirme qu'il n'y aura pas de guerre de civilisations à proprement parler. En revanche, le seul combat qui lui paraît constant et omniprésent est celui que se livrent, sournoisement ou pas, deux systèmes politiques: D'un côté le fascisme sous toute ses formes (théocratie, oligarchie, kleptocratie et autres régimes de nature dictatoriale), de l'autre la démocratie. Près de vingt ans plus tard, comment ne pas lui donner raison ? Ce fut à juste titre l'enjeu de la Seconde guerre mondiale, celui de la guerre dans les Balkans, des guerres civiles en Libye et Syrie, des révoltes en Iran et enfin de cette guerre qui dure depuis plus dix-huit mois en Ukraine, tout ça à cause d'un régime totalitaire qui ne rêve que de puissance et d'expansion. Au fond, cette confrontation entre deux systèmes politiques dont l'un aspire à rendre les hommes libres et égaux en droit, tandis que l'autre à les placer sous le joug de l'oppression, de l'arbitraire et à institutionnaliser le crime d'État, n'est-ce pas l'histoire sans cesse répétée d'une humanité qui s'automutile ? Il y a trois mille ans déjà, l'Ecclésiaste ne faisait point mystère de cet irrépressible instinct de convoitise et de domination qui ne cesse de métastaser nos sociétés au moyen d'un agent propagateur aussi redoutable qu'implacable: la corruption. "Je vois toutes les oppressions qui se pratiquent sous le soleil. Regardez les pleurs des opprimés! Ils n'ont pas de consolateurs, car la force est toujours du côté des oppresseurs." (Qo 4.1) Dans Exode 23.8 et Le Deutéronome 16.19, la corruption y est décrite comme un péché portant atteinte à la justice et à l'impartialité. Les corrompus se moquent de la vérité et discréditent tous ceux qui aspirent à demeurer justes devant Dieu et les hommes. Judas Iscariote n'était-il pas le plus fameux des corrompus cités par la Bible lorsqu'il trahit Jésus de Nazareth pour trente pièces d'argent ? (Mt 27.1-5)
Contributeur(s):
Lévy Bernard-Henri
Lieu :
Paris, France
15 septembre 2023
Souvenons-nous d'Adeline !
Qui n'a pas en mémoire à Genève l'épouvantable drame de La Pâquerette, anciennement le centre de sociothérapie de la prison de Champ-Dollon, où un certain vendredi 13 septembre 2013, soit il y a exactement dix ans, on retrouva dans les bois de Bellevue le corps sans vie d'une sociothérapeute prénommée "Adeline" et qui fut assassinée la veille par un détenu en sortie accompagnée? L'événement avait plongé la cité de Calvin dans une sidération inouïe et sans précédent. Par la suite, l'enquête révéla de nombreuses lacunes dans le système sécuritaire pénitentiaire. La Pâquerette en fit en premier les frais puisque l'institution fut fermée définitivement quelques mois plus tard. Quant à votre serviteur, sur demande du Conseiller d'État en charge de la sécurité Pierre Maudet, je repris au pied levé la direction du Service d'application des peines et mesures (SAPEM) afin de le réorganiser et d'y introduire des réformes nécessaires dans les méthodes de travail. À cet effet, je pus compter sur une coopération pleine et entière de l'ensemble du personnel qui, à la suite de ce drame, n'avait pas d'autre choix que de se ressaisir et d'évoluer. Aujourd'hui, il semble bien que ces réformes ont porté leurs fruits si l'on en juge par toute absence de récidive, grâce à une évaluation régulière de la dangerosité des criminels concernés et un traitement administratif spécifique de ceux-ci. En cette triste date anniversaire, Adeline, mère de famille, aurait eu 44 ans. Quant à son assassin, qualifié de sadique par les experts, il purge une peine de réclusion à vie.
Contributeur(s):
Lubicz Joël,
Maudet Pierre,
Ziegler Bernard
Lieu :
Genève, Suisse
01 septembre 2023
Parentalité: Mais où sont les pères ?
Selon un reportage de l'émission "Mise au point" diffusé il y a quelques mois et repris récemment, la détresse psychologique est devenue la première cause d’hospitalisation des jeunes filles âgées entre 10 et 24 ans, pour qui la pandémie de COVID semble avoir été dévastatrice. Pour nous en convaincre, les journalistes retracent le parcours de trois jeunes filles qui ont accepté de témoigner de leurs souffrances: trouble obsessionnel pour l'une, trouble du spectre autistique pour l'autre et trouble alimentaire pour la troisième. Aujourd'hui et fort heureusement, elles semblent toutes aller mieux et on ne peut que leur souhaiter une guérison durable. Cependant, et au vu du nombre de jeunes filles touchées par ces troubles psychologiques, est-il permis de s'interroger sur les causes réelles et profondes de leur mal-être. Selon les journalistes, le fauteur de trouble en serait le COVID qui, faut-il le rappeler, pouvait certes terrasser les plus de cinquante ans, mais n'entraînait aucune mortalité chez les jeunes. Et puis, s'il faut parler d'une certaine pandémie qui terrorisait il y a à peine deux générations les adolescents et jeunes adultes spécifiquement à l'heure de leurs premiers émois sexuels, comment ne pas se souvenir du SIDA qui, lui, ne connaît toujours pas de vaccin et condamnait tout séropositif à une mort certaine (30 millions de décès à ce jour), précédée d'une mort sociale des plus mortifiantes (homosexualité, sang contaminé, etc.).
Il ne s'agit évidemment pas de se livrer à une mesure de la souffrance entre le SIDA et le COVID, chaque époque ayant ses fléaux. Mais, comment expliquer que dans ce reportage d'une vingtaine de minutes censé aborder les problèmes éducatifs et qui se veut représentatif des jeunes filles en souffrance psychologique, il n'y a pas un seul témoignage d'homme. Où est la parole des pères? De manière plus globale, hormis le témoignage d'une seule mère, où sont les parents de ces enfants qui souffrent. Si les thérapeutes, en l'espèce uniquement féminins, sont nombreux à donner leur avis, personne ne semble se soucier de l'opinion des parents qui pourtant seraient les mieux placés pour témoigner de leurs difficultés et des causes possibles du mal-être de leur enfant. Mais, voudrait-on nous cacher que ces parents sont absents, évincés ou démissionnaires, qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Et si le COVID semble avoir bon dos, que faut-il penser de cette régression durable que certains sociologues définissent comme une destructuration du noyau familial caractérisée notamment par une incapacité du couple parental à s'entendre sur des valeurs communes, une dislocation de l'autorité parentale et une multiplication des familles monoparentales. Mais, de tous ces maux, il n'est nullement question. Tout autant que personne ne croit utile de s'interroger sur le reniement systématique et généralisé de nos valeurs judéo-chrétiennes qui fondent pourtant nos sociétés depuis des millénaires et forgeaient a minima un certain sens des responsabilités parentales chez celles et ceux qui cultivent encore la foi dans les Saintes Écritures. Faute de mieux et à moins de disposer un jour d'une formation laïque pour tout couple désirant fonder une famille, c'est désormais au deus ex machina de la médecine et de la technocratie que chacun s'en remet pour réparer tant bien que mal ce que la famille nucléaire ne sait plus faire.
Contributeur(s):
Calogero,
Faure Sébastien
Lieu :
Genève, Suisse
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