C'est un phénomène bien connu des journaux télévisés qui ont pour mission de rapporter quotidiennement le lot de malheurs de ce monde plus ou moins lointain dans lequel nous vivons. Si les guerres et les catastrophes sont généralement à la Une de l'édition, les rubriques culturelles, touristiques ou gastronomiques viennent habituellement clore le journal pour ne pas trop plomber l'ambiance et finir sur des sujets légers et bien de chez nous. Croyez-moi, j'en sais quelque chose avec mes rubriques "Côté Cour...et Jardin". Mais, s'il est une édition du "19h30" qui se sera faite particulièrement remarqué par le choix "thérapeutique" de ses sujets, c'est bien celle du 16 décembre dernier. Philippe Revaz a d'abord la pénible tâche de nous annoncer la catastrophe naturelle qui s'est abattue sur l'île de Mayotte, département français, à la suite du passage du cyclone "Chido" faisant état d'une dévastation complète des habitats précaires et d'un bilan provisoire de centaines de personnes disparues. Puis, on en vient à parler de l'Ukraine où la sale guerre de Poutine et ses bombes larguées sur les centrales électriques plongent toujours plus les civils ukrainiens dans l'obscurité et les mettent à la merci du froid hivernal. Enfin, on se rend en Syrie où des enfants âgés d'une dizaine d'années, creusant avec des pelles, découvrent dans un quartier de Damas un ancien charnier résultant des atrocités commises durant la guerre civile. Et un enfant de s'exclamer fièrement : "J'ai découvert une jambe, des phalanges, des côtes, des morceaux de crânes..." Mais, voilà qu'après les mets indigestes, vient le fromage ou le dessert. Et là, à peine a t-on eu le temps de déglutir les précédentes horreurs qu'on apprend de manière stupéfiante qu'à Berne on s'inquiète sérieusement de savoir par quel mystère l'adresse postale du Palais fédéral n'est-elle pas le numéro 1, mais le numéro 3 de la Place fédérale ? Diantre ! L'acheminement postal est-il à ce point perturbé ? Les services urbanistiques de la ville de Berne se seraient-ils trompés depuis un siècle sachant qu'au même moment à Mayotte plus aucune tôle ondulée ne tient à la verticale. Ou pire, puisque le numéro 1 est occupé par la Banque nationale suisse (BNS), faut-il y voir un symbole luciférien reléguant irrévocablement la démocratie suisse derrière le rang des puissances de l'argent ? Que nenni ! Fort heureusement, la géomètre de la ville vient nous rassurer en déclarant que l'attribution des numéros de rue s'est faite ainsi pour des raisons historiques. Car, la BNS fut construite, eh oui, avant le Palais fédéral. Forcément ! Qui aurait pu imaginer le contraire alors que la Place fédérale est truffée de banques ? Et, pour le courrier adressé au Parlement, nul besoin de s'arracher les cheveux. Il suffit de mentionner simplement "Palais fédéral" et on nous garantit que le facteur ne se trompe jamais. Ouf, on respire ! Merci à Albert Einstein et à sa théorie sur la relativité générale qui, contre toute attente, s'applique également en psychologie sociale ! Enfin, cerise sur le gâteau, Philippe Revaz termine son journal en nous annonçant un tantinet espiègle que la chanson "On va s'aimer" (1984) de Gilbert Montagné est un plagiat et que désormais elle ne lui rapportera plus aucun droits d'auteur lorsqu'il la chantera. Mince ! Si chanter l'amour ne rapporte plus un sou, gageons que l'interprète à la monture "solaire" saura faire, contre mauvaise fortune, bon cœur !
« La plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas. » Charles Baudelaire
27 décembre 2024
13 décembre 2024
Chute de Bachar al-Assad : Mauvaises nouvelles pour les dictateurs ! Vraiment ?
C'est une liesse générale qui s'est exprimée récemment dans les capitales européennes pour célébrer la fin d'une dictature la plus sanguinaire que notre monde contemporain a connu. Bachar al-Assad a finalement quitté son fief de tyran pour se réfugier, lui, sa famille et sa fortune évaluée à deux milliards de dollars, en Russie auprès de Vladimir Poutine qui en dépit de ses promesses réitérées s'était pourtant engagé militairement à ne jamais le laisser tomber. À ce titre, les syriens peuvent remercier l'Ukraine (et accessoirement l'Europe et les États-Unis) pour avoir affaibli la Russie à un point tel qu'elle n'était plus en mesure de protéger le régime syrien. Puis, de s'étonner de la rapidité avec laquelle les rebelles ont emprunté leur chemin de Damas pour faire abdiquer l'armée loyaliste en treize jours. Mais, c'est aussi vite oublier que la révolution syrienne a commencé il y a plus de treize ans avec une guerre civile savamment entretenue par le régime en place afin de rester coûte que coûte au pouvoir, sacrifiant près d'un demi-million de morts. Et, si le coup de grâce a pu être donné si facilement par les rebelles dans un pays exsangue, c'est enfin dû à l'affaiblissement du Hezbollah syrien par l'armée israélienne, notamment depuis l'attaque particulièrement rusée des beepers qui décima en moins de 24 heures le commandement de la faction terroriste soutenue par l'Iran. Les syriens d'aujourd'hui de toute confession et de de toute ethnie qui clament haut et fort leur joie d'être délivrés de leur oppresseur, sauront-ils demain se souvenir que c'est aussi grâce aux régimes démocratiques que le tyran Bachar al-Assad a fini par tomber ?
29 novembre 2024
Trump II: Guerre larvée autour de la protection de l'enfance (2/2)
Et si finalement le trumpisme de base et le clivage irréductible qu'il déclenche dans la société américaine ne trouve pas aussi sa racine dans cette controverse profonde qui existe depuis un certain temps déjà à propos de la façon d'éduquer les enfants : D'un côté, un personnel enseignant (instituteurs, bibliothécaires, psychologues, voire médecin, etc. ) qui, sous prétexte de défendre l'identité sexuelle ou culturelle des chérubins veut initier les écoliers à des sujets qu'ils ne sont de toute évidence pas en âge de comprendre et n'ont donc pas la maturité psychologique et affective de faire des choix comme par exemple celui de remettre en question le genre donné à la naissance. De l'autre, des parents médusés qui doivent assister dans le cadre de l'école à des conférences sur l'éveil à la culture woke dispensé de surcroît par des Drag Queen en chair et os, soit des avatars de clown ou travesti qui, pour le coup, vous passent définitivement l'envie de rire. Il est vrai que le pays dans son évolution historique, scientifique et économique à toujours eu, vu d'Europe, la réputation d'être une société avant-gardiste et de s'enorgueillir: un pays où la liberté d'expression est sacrée et protégée par la Constitution. Mais, il n'est pas nécessaire d'être particulièrement futé pour comprendre que l'exercice d'une telle liberté peut comporter des excès qu'aucune société libre et démocratique ne saurait acceptée, spécialement quand l'intérêt de l'enfant dans son développement psychologique, voire physique, est menacé. Si l'école publique doit protéger l'enfant de toute discrimination, elle n'a pas à être le thuriféraire de la cause LGBTQIA+ en abordant des sujets personnels et intimes sur lesquels les écoliers n'ont pas de maturité suffisante pour se déterminer. Hors du cadre scolaire, cette limite est clairement posée dans le domaine du cinéma où un âge minimum doit être requis pour qu'un spectateur mineur puisse comprendre et assimiler raisonnablement le contenu projeté. On retrouve les mêmes limites pédagogiques sur internet avec le dispositif du contrôle parental. Alors pourquoi donc les parents américains devraient-ils tolérer que les problèmes de genre qui touchent à la sexualité future d'un enfant soient abordés à un âge inadapté qui risque d'occasionner des troubles psychologiques importants ?
15 novembre 2024
Trump II : Les États-Unis d'Europe à marche forcée ou rien (1/2)
Entre une ancienne Procureure générale, fer de lance du respect des institutions démocratiques et de l'État de droit, et un promoteur immobilier faisant l'objet de trente-quatre inculpations pénales, dont une condamnation et deux affaires en délibéré, deux tentatives de destitution et six faillites, les Américains ont finalement choisi le "bad boy" dont la vie fut miraculeusement sauvée par une balle de fusil mal ajustée lui frôlant l'oreille droite : Donald Trump sera à nouveau Président des États-Unis d'Amérique pour quatre ans, et peut-être plus si ce dernier rêve d'instaurer au cours de ce second mandat une sorte de dynastie oligarque qui perpétuerait son héritage pour le moins populiste et libertarien, s'inspirant au passage de son alter ego Vladimir Poutine qui n'hésita pas à amender la Constitution de son pays pour se proclamer Tsar de toutes les Russies jusqu'à son trépas. Et, au-delà des idéologies politiques qui séparaient les deux candidats, ce qui fit la victoire de Trump est assurément que Mme Harris, en sa qualité de vice-présidente, n'a jamais eu la hargne et la détermination de son rival. Vu d'Europe, cette victoire est d'autant plus déroutante que le candidat Trump a fait la parfaite démonstration qu'en étant un repris de justice impénitent et un calomniateur compulsif et invétéré, on pouvait malgré tout obtenir le suffrage d'une majorité d'Américains tout en méprisant les institutions démocratiques comme il le fit en 2021 en refusant d'admettre sa défaite face à Joe Biden. Cela en dit long sur l'évolution des mœurs et la mentalité d'une grande majorité d'Américains qui, désormais, se fiche éperdument du continent européen et ne partage plus avec lui cette communauté de destin et de valeurs tel qu'on l'eut connu au sortir de la Seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, il ne reste plus que des intérêts strictement nationalistes avec ses slogans "America First" ou "Make America great again", où l'oncle Sam n'est plus l'allié d'autrefois, mais s'est mû en un adversaire cynique et calculateur. Confrontés à cette montée de nationalisme exacerbé, les politiciens européens commettraient une immense erreur en voulant singer dans leur pays cette nouvelle Amérique pour conquérir le pouvoir. Car, face à la première puissance militaire qui désormais ne respecte plus que l'argent et les rapports de force - ce qui déjà en dit long sur les prochaines catastrophes climatiques et autres calamités qui nous attendent -, les nations européennes n'ont pas d'autre choix que d'agir dans l'union qui, à elle seule, leur garantira d'être un contrepoids déterminant, tant vis-à-vis d'un Trump isolationniste que face à un Poutine impérialiste, puisque ces deux-là n'auront de cesse de l'affaiblir si elle s'avère incapable de construire une défense commune tendant vers une souveraineté confédérale, comme l'était par exemple la Suisse ou les États-Unis au XIXème siècle, auquel cas elle assistera à sa lente et inexorable désagrégation, faute de n'avoir pas su être maître de son destin. Autrement dit, si l'Europe ne comprend pas que Trump est finalement un mal pour un bien, alors son retour qui s'annonce tonitruant et fracassant n'aura servi à rien et pourrait signer la fin de la construction européenne.
Contributeur(s):
Eddy Mitchell
Lieu :
Bruxelles, Belgique
01 novembre 2024
Trans/Post-humanisme : Le dogme des malins ou des crétins
L'immortalité et rien de moins ! Voilà ce que nous promettent ces soi-disant transhumanistes tel le Dr Laurent Alexandre, médecins et chirurgien de son état, au moyen des progrès technologiques et scientifiques et surtout grâce à l'intelligence artificielle qui, selon le médecin, dépassera la pensée et l'intelligence humaines au cours des dix prochaines années. La mort biologique ne serait alors plus qu'une option parmi les pathétiques et illusoires promesses d'immortalité vantées par ce Deus ex machina. Et comme se plaisait à le dire le cinéaste Woody Allen: "L'éternité, c'est long, surtout vers la fin". C'est dire si cette immortalité promise pourrait être d'un ennui à mourir à un point tel où le comble de l'ironie serait qu'on ne puisse plus s'en sortir autrement que par le suicide. Si on y ajoute que la plupart de nos immortels se verrait contraint de supporter sempiternellement le poids de leurs injustices et les stigmates physiques et psychiques du vieillissement, ce voyage sans fin pourrait davantage ressembler à une sorte d'aller simple en enfer qu'à une sinécure. Or, à bien y réfléchir (l'IA peut-elle en faire autant ?), la certitude de savoir que nous sommes mortels devrait plutôt nous réconforter, même si de prime abord cela paraît contre-intuitif. Car, c'est bien la finitude de l'existence qui élève la condition humaine, nourrit de nouvelles espérances et permet de s'affranchir définitivement d'un martyre ou d'un ennui interminables. Selon Arthur Schopenhauer (philosophe du XIXème siècle), "exiger l'immortalité de l'individu signifie en réalité vouloir perpétuer à l'infini une erreur". Car, la mort c'est d'abord cesser d'être ce que l'on est pour changer en entier et être transporté dans un autre monde. Et, les transhumanistes qui ne l'auraient pas encore compris sont des crétins. Quant aux autres, ils savent parfaitement exploiter l'anxiété existentielle qu'inspire la mort et ses répercussions sur les sociétés humaines pour en retirer pouvoir et richesses, eux qui promettent d'euthanasier cette finitude naturelle en constituant une gérontocratie qui n'en finirait pas de vieillir. Mais de quel humanisme parle-t-on exactement quand on sait par avance que ces progrès scientifiques ne sont destinés qu'à améliorer la santé d'une infime minorité de ploutocrates de ce monde: les puissants botoxés, les nantis liftés, les riches augmentés, ceux-là même qui ne verront aucune indécence à vivre dans leur tour d'ivoire isolée et protégée de l'immense majorité d'une population indigente, en proie aux inégalités sociales, luttant pour sa survie et n'ayant même pas accès aux soins médicaux de base ?
Contributeur(s):
Alexandre Laurent,
Berichet Quentin,
Heisbourg François,
Hugeux Vincent,
Momtaz Rym,
Pujadas David
Lieu :
Paris, France
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